SIEGEL DON (1912-1991)
Le cinéaste Don Siegel a été l'un des grands maîtres de la série B, dans les années 1950 et 1960, avant d'assurer, dans les années 1970, la direction de films au budget plus important, sans pour autant perdre les qualités propres au domaine dans lequel il excellait : maîtrise technique, nervosité du rythme, sens précis de l'action, structure narrative serrée, mise en place du sujet en quelques plans, appréhension de la psychologie d'un personnage à travers son comportement.
Fils d'un couple de musiciens juifs qui avaient mis au point une méthode d'enseignement de la musique par correspondance, Donald Siegel, né le 26 octobre 1912 à Chicago, est venu au cinéma par hasard. Après un séjour d'environ trois ans en Europe, où il a étudié à Cambridge et appris le français à Paris, il demande à son oncle, monteur chez Warner, de lui trouver du travail. C'est ainsi qu'il est engagé comme archiviste avant de devenir assistant du chef du département « inserts », puis chef du département « montage » et réalisateur de seconde équipe. Après avoir assuré, de 1933 à 1942, les séquences « montage » de quelque cent films de la Warner et dirigé, entre 1939 et 1943, les scènes d'action d'une quarantaine d'autres œuvres – signées, notamment, Michael Curtiz, Howard Hawks, Raoul Walsh et Sam Wood –, il réalise en 1945 un court-métrage de fiction, Star in the Night, puis, en 1946, un film de montage antinazi de vingt minutes, Hitler Lives, dont aucun plan n'excède cinq secondes.
De 1946 à 1982, Don Siegel tournera trente-six longs-métrages de fiction, dont trois pour la télévision, et quatorze épisodes ou pilotes de séries télévisées qui relèvent tous du cinéma de genre et laissent à l'action une part capitale : films d'aventure ou de guerre (le remarquable L'enfer est pour les héros, 1962) ; westerns, parmi lesquels l'intéressant Flaming Star (Les Rôdeurs de la plaine, 1960) et le splendide The Shootist (Le Dernier des géants, 1976) ; policiers et thrillers : citons notamment Verdict (1946), The Big Steal (Ça commence à Vera Cruz, 1949), Riot in Cell Block 11 (Les Révoltés de la cellule 11), 1954 ; Baby Face Nelson (1956), The Line-Up (1958), The Killers (À bout portant, 1964), Madigan (Police sur la ville, 1968), Dirty Harry (L'Inspecteur Harry, 1971) et Charley Varrick (Tuez Charley Varrick, 1973). À cela s'ajoutent un chef-d'œuvre du film d'anticipation, Invasion of the Body Snatchers (L'Invasion des profanateurs de sépultures, 1956) et une œuvre hors norme, étrange et vénéneuse, The Beguiled (Les Proies, 1971), que le cinéaste considérait comme la meilleure qu'il ait jamais tournée. Cependant, l'action n'occulte jamais dans ses films la psychologie, généralement fort complexe, des personnages. En effet, à l'image du requin qui, pour éviter l'asphyxie, doit constamment se mouvoir, les héros de Don Siegel passent l'essentiel de leur temps en déplacements et n'ont de cesse d'échapper à une immobilité périlleuse, ne s'arrêtant que pour se cacher et mourir. Ils s'accordent ainsi parfaitement au style nerveux et sec, à l'écriture cursive... mais nonchalante de leur créateur, qui aura offert des rôles impressionnants à Peter Lorre, John Wayne, Mickey Rooney, Lee Marvin, Clint Eastwood.
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Écrit par
- Alain GAREL : critique et historien de cinéma, professeur d'histoire du cinéma
Classification
Autres références
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EASTWOOD CLINT (1930- )
- Écrit par Joël MAGNY
- 3 693 mots
- 3 médias
À partir de 1971, d’abord sous la direction deDon Siegel, Clint Eastwood, interprétera cinq fois le personnage de Harry Callahan, qui incarne certaines tendances contradictoires de la société américaine. En France, dès Dirty Harry (L’Inspecteur Harry, Don Siegel, 1971), puis avec des films...