DONG YUAN[TONG YUAN](mort en 962) & JURAN [KIU-JAN](actif vers 975)
Juran
Jeunesse et exil
Les œuvres picturales du moine bouddhiste Juran furent connues à travers toute la Chine dès sa jeunesse. Au moment de la défaite des Tang du Sud devant les armées Song (975), Juran fut emmené dans la capitale des vainqueurs à Kaibao. On peut ainsi distinguer deux périodes dans sa carrière artistique : il peint d'abord les paysages de son pays natal ; ses œuvres se caractérisent alors par les lignes allongées des montagnes et les rondeurs touffues des bosquets. Puis, loin de chez lui, ses peintures s'épurent et se spiritualisent.
Une douceur apaisante
Contemporain et disciple de Dong Yuan, comme lui originaire de la région de Nankin, Juran peint la même nature, adoptant la même technique impressionniste, mais avec plus de flou encore. Pourtant Juran n'est pas seulement un imitateur de Dong Yuan : s'il pose le même regard sur la nature, il la voit autrement ; elle est pour lui plus paisible, moins contrastée, rendue avec une encre encore plus légère ; il en résulte un style plus souple. Des ondulations de ses pima cun naissent collines et montagnes, en des tracés purs, nuancés par les dégradés de l'encre. Sur ce fond montagneux se détachent, posés en touches sombres et denses, des arbres au feuillage luxuriant.
Pour un œil occidental, l'ensemble paraît irréel et monotone. Il suffit de se laisser guider par les traces du pinceau pour se sentir charmé par la délicatesse des formes, par les subtilités de l'encre ; il semble que rien n'ait été peint volontairement, mais que les herbes poussent spontanément, que le chemin serpente de lui-même. Si Dong Yuan demeure le novateur d'un style, Juran le met en pratique avec une plus grande sensibilité.
Parmi les œuvres qui lui sont attribuées, À la recherche du chemin dans les montagnes en automne (musée de l'Ancien Palais, Taiwan) est plus près de son style. En bas du paysage, constitué par une seule montagne tout en courbe, court le long d'un torrent un petit chemin qui mène à des chaumières retirées parmi les conifères. Plus haut, des bosquets et des touffes, travaillés de façon très impressionniste, couvrent çà et là les multiples accidents du terrain rendus en pima cun. La touche légère et douce du pinceau, les contours arrondis donnent une impression d'évanescence et d'irréalité.
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Écrit par
- Ching-lang HOU : licenciée à l'université normale de Taïwan, section des beaux-arts
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