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BAILEY DONOVAN (1967- )

Champion olympique du 100 mètres en 1996 à Atlanta, recordman du monde de la distance, Donovan Bailey demeure l'un des plus brillants athlètes canadiens et fait partie des sprinters qui ont marqué l'histoire. En outre, sa trajectoire personnelle constitue un exemple d'ascension sociale fondée sur le sport et les études.

Donovan Bailey est né le 16 décembre 1967 à Manchester (Jamaïque). À quatorze ans, il quitte son île natale et ses plages de sable blanc pour rejoindre le Canada, où son père s'est installé depuis peu, à Oakville, près de Toronto. Pour l'adolescent, la rupture est brutale, mais le sport et les études vont lui permettre de s'épanouir dans sa nouvelle patrie. Il découvre le sprint à l'école Queen Elizabeth Park de Bronte, court le 100 mètres en 12 secondes à seize ans, mais il se montre peu assidu à l'entraînement. Amateur de musique et de fête, il tâte durant deux années du basket-ball au sein de la formation du Sheridan College d'Oakville, avant de se remettre à l'athlétisme. Deux rencontres scellent sa destinée sportive : en 1991, le champion namibien Frankie Fredericks – qui, ironie du sort, sera son dauphin aux Jeux d'Atlanta en 1996 – le persuade que les qualités physiques dont il dispose peuvent lui permettre de réaliser de grandes performances ; deux ans plus tard, Dan Pfaff, l'entraîneur de l'équipe d'athlétisme de l'université de Louisiane à Baton Rouge, le convainc de travailler avec lui et de se plier aux exigences du sport de haut niveau.

Dès lors, le noceur se mue en bosseur : Bailey s'entraîne régulièrement sans délaisser les études (il obtiendra un diplôme d'économie). En 1995, le travail porte ses fruits : il bat le record du Canada du 100 mètres (9,91 s), ce qui lui autorise de belles ambitions pour les Championnats du monde d'athlétisme de Göteborg la même année. En Suède, il remporte le 100 mètres (9,97 s), devant son compatriote Bruny Surin, et le relais 4 fois 100 mètres. Ce double succès aurait dû faire de lui le favori pour la médaille d'or olympique en 1996 à Atlanta, mais l'univers de l'athlétisme demeure circonspect : d'une part, sa progression soudaine évoque la trajectoire de son compatriote Ben Johnson, exclu des Jeux de Séoul en 1988 pour dopage ; d'autre part, Bailey connaît au début de l'année 1996 plusieurs défaites, et la plupart de ses performances sont plus que médiocres. Concernant le dopage, il balaie les doutes en rappelant qu'aucun sprinter ne subit autant de contrôles que lui ; pour ce qui est de ses contre-performances, il rappelle que l'important est de répondre présent le jour J, c'est-à-dire le 27 juillet 1996, date de la finale du 100 mètres olympique.

À Atlanta, Bailey ne convainc pas totalement les sceptiques lors des tours qualificatifs, mais il est bien présent en finale. Après que le Britannique Linford Christie, tenant du titre, s'est vu disqualifié pour deux faux départs, les sept concurrents reprennent place dans les starting-blocks : la mise en action de Bailey semble laborieuse, mais il produit une formidable accélération à la mi-course et ne faiblit pas ; courant sans se crisper et en maîtrisant la technique, il franchit en vainqueur la ligne d'arrivée. Son temps (9,84 s) constitue le record du monde ; il devance le Namibien Frankie Fredericks (9,89 s) et le Trinidadien Ato Boldon (9,90 s). Vainqueur de l'épreuve reine en battant le record du monde, Bailey aurait dû se voir considéré comme la star des Jeux d'Atlanta ; mais, dans une édition marquée par le chauvinisme des Américains, les médias locaux préféreront insister sur l'exploit de Michael Johnson, qui a remporté le 200 mètres en pulvérisant le record du monde (19,32 s). Le 3 août, l'orgueil américain prend un nouveau coup[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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