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DOSITHÉE (1641-1707) patriarche de Jérusalem (1669-1707)

Né à Arakhova (à l'est de Delphes), orphelin très jeune, Dosithée est confié à un monastère et ordonné diacre à onze ans. À Constantinople, il fréquente les cours du « néo-aristotélicien » Jean Caryophyllès et apprend, dit-on, le latin et l'italien, le turc et l'arabe. En 1657, son compatriote le patriarche de Jérusalem Païsios (1645-1666) se l'attache comme compagnon de voyage et l'entraîne jusqu'en Caucasie. Nectaire, successeur de Païsios, le crée métropolite de Césarée de Palestine (1666) et, l'année suivante, l'institue son exarque en « Terre roumaine ». Le 23 janvier 1669, Dosithée succède à son protecteur. La confrérie grecque du Saint-Sépulcre succombant sous les dettes, il court les pays orthodoxes en quête de subsides : Bulgarie, Russie, Géorgie, Asie Mineure, avec une prédilection pour les principautés de Moldavie et de Valachie, qui demeurent son observatoire préféré.

Très attentif aux problèmes de son petit patriarcat, y restaurant monastères et églises (surtout la basilique de Bethléem), il a une ambition dévorante, celle de refouler la poussée occidentale, catholique et protestante, hors du territoire de l'orthodoxie. Il y travaille par le livre, par ses agents, par sa présence. En 1672, son synode de Jérusalem désolidarise l'Église grecque de la doctrine de Cyrille Loucaris, volontiers invoquée par les calvinistes français. Dosithée rédige, à cette occasion, une Confession de foi en dix-huit points qui n'a cessé d'être considérée depuis lors comme une des sources « symboliques » de la foi orthodoxe. Un peu plus tard, il met en chantier une sorte de « bibliothèque antipapiste », dont il confiera la diffusion aux presses de Moldavie. La série la plus fameuse comprend : le Tome de la réconciliation, Jassy, 1692 ; le Tome de la charité, Jassy, 1698 ; le Tome de la joie, Rîmnic, 1705 (énormes recueils d'ouvrages hostiles à Rome). Mais il faut y ajouter le traité De l'autorité du pape, de Nectaire, publié en 1682 à Jassy, et l'Histoire des patriarches de Jérusalem, qui paraît à Bucarest en 1715, après la mort de l'auteur. Encore cette énumération ne tient-elle compte que des œuvres les plus massives.

L'activité de Dosithée ne se réduit pas à son œuvre d'auteur et d'éditeur, il s'en faut. Il tente d'expulser des Lieux saints les Franciscains et propose à Pierre le Grand de se substituer au patronage de la France. Pour contrer l'ascendant des théologiens latinisants d'Ukraine, il envoie à Moscou les deux frères Likhoudès fonder une école rivale de l'académie gréco-latine de Medvedev. Dans les principautés roumaines, son « quartier général », il s'impose partout, s'ingérant dans l'élection du métropolite d'Alba Julia en 1682, présidant un synode à Bucarest en 1705, poursuivant de sa rancune le protégé des princes moldave et valaque, Jean Caryophyllès, son ancien maître, dont il suspecte l'orthodoxie.

Dosithée n'a rien d'un grand penseur ni d'un esprit théologique ouvert. Mais, par l'ampleur du dessein, le sens des moyens, matériels (argent et presse) et humains, la force du caractère et l'activité inlassable, il demeure la figure dominante de l'orthodoxie conservatrice en son temps.

— Jean GOUILLARD

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section)

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Autres références

  • ORTHODOXE ÉGLISE

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    ...grec, elle est approuvée par le synode de Jassy, puis par le synode interpatriarcal de Constantinople, l'année suivante (1643). Le patriarche de Jérusalem Dosithée reprend le dessein sous le même titre. Sa Confession (1672), plus traditionnelle dans la composition et l'expression des idées, est demeurée...