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DOSSI ALBERTO CARLO PISANI-DOSSI dit CARLO (1849-1910)

Né près de Novare, le 27 mars 1849, Carlo Dossi fonde en 1867 une revue avec d'autres jeunes gens appartenant à la Scapigliatura, le mouvement littéraire qui a le plus influencé le sort des lettres italiennes à la fin du xixe siècle et auquel ont appartenu des écrivains comme Boito, Tarchetti ou Verga. Son premier livre, L'Altrjeri, 1868 (Avant-hier), montre un auteur maîtrisant déjà parfaitement son art, avec des moments d'une spontanéité intense, insoupçonnables chez un aristocrate comme lui, et qui se perdent dès son œuvre suivante, Vita di Alberto Pisani (1871). Dans ce deuxième roman, certainement le plus brillant, Dossi s'adonne à un pastiche très inspiré de ses auteurs de prédilection : on y retrouve le voyage en diligence inspiré de Sterne, le thème de la bibliothèque emprunté à Richter, celui du magicien à Hoffmann, l'insertion de récits dans le roman qu'il reprend de Dickens, tandis que le final regarde vers Poe et Tarchetti. Autant de thèmes qui viennent tous du romantisme européen, à une époque où un climat certain d'intransigeance littéraire dictée par Manzoni devait avoir quelque chose d'étouffant. Les autres œuvres de Dossi, Gocce d'inchiostro, 1881 (Gouttes d'encre), Ritratti umani (Portraits humains) et La Desinenza in A, 1878 (La Désinence en A) sont toutes le fruit d'un goût extrême de l'artifice et de l'altération littéraires, qui font de cet écrivain un protagoniste d'exception dans un monde qui se tournait désormais de plus en plus vers une littérature réaliste. Mais le grand œuvre de Dossi, que Pirandello fut un des rares à lire au moment de sa parution, pour écrire son essai sur l'humour, est consigné dans les Note azzurre, 1912, 1964 (Carnets bleus). C'est que, à partir de 1870, Dossi commence une carrière ministérielle qui le conduit de Milan à Rome et ensuite en voyage par le monde comme consul ; il n'a donc plus le temps d'écrire des romans, mais simplement ces carnets qui finissent par prendre en charge tout l'œuvre, car ils contiennent quarante ans de relations quotidiennes. Les Note azzurre deviennent ainsi le répertoire le plus complet de ce qui se passe en Italie : c'est une collection de bizarreries, contenant en long et en large la liste de ses approches et de ses intérêts culturels, avec des jugements péremptoires sur la médiocrité de Leopardi, par exemple, ou sur « les malheureuses et vieilles » poésies de Baudelaire. Parce que Dossi était l'observateur très attentif de la société de son époque, qu'il méprisait, les Note sont aussi une forêt grouillante d'anecdotes sur ses contemporains.

À l'époque la plus bourgeoise que l'Italie ait connue, Dossi s'amusait à rapporter des histoires d'anomalies sexuelles avec une méchanceté qui ne sera pas pour déplaire à C. E. Gadda, un de ses plus grands admirateurs.

— Jean-Paul MANGANARO

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  • SCAPIGLIATURA

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