Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

DOURA EUROPOS

Poste frontière sur la rive de l'Euphrate, Doura Europos était un centre d'habitation périphérique de l'Empire romain, qui succomba à l'attaque des Perses vers le milieu du iiie siècle. Les fouilles commencées en 1922 ont remis au jour les temples de Bel, de Zeus Theos, d'Adonis, un baptistère chrétien et une synagogue. Les murs de cette dernière, entièrement remblayés par les défenseurs de la ville, ont été conservés sous le sable jusqu'à une hauteur de 2 à 3 mètres et, avec ces murs, l'un des plus grands ensembles de peinture monumentale de l'Orient romain a survécu jusqu'à nos jours.

La synagogue, construite à la place d'un bloc d'habitations vers 200, a été entièrement remaniée en l'an 244/45 selon une inscription trouvée parmi les débris. Déjà la première synagogue était ornée de fresques ; la décoration a été refaite au cours du remaniement. Seules les peintures placées à l'extrados du cul-de-four de la niche subsistent de la première phase. Elles représentent, au centre, la façade du Temple avec, à gauche, un chandelier à sept branches entouré des plantes rituelles, le lulab (palmier) et l'etrog (cédrat) et, à droite, l'épisode biblique du sacrifice d'Isaac. Les peintures de la seconde phase comprennent des fresques narratives à sujets bibliques, qui se déroulent, sur trois registres superposés, tout autour de la salle. Ces cycles narratifs s'arrêtent devant la zone centrale du mur d'orientation — celui-ci abritant la niche qui marque la direction de Jérusalem — où se trouve, encadrée de quatre portraits (Moïse à l'Horeb, Moïse au Sinaï, Abraham, Ezra), une composition à symbole messianique (le Roi-Messie avec les douze tribus ; bénédiction de Jacob ; Orphée, identifié avec David, charmant les animaux). Les cycles narratifs représentent la bataille d'Eben ha-Ezer, le campement au désert, l'onction de David, la prise de l'Arche par les Philistins, divers épisodes de la vie du prophète Élie, la résurrection des morts selon la vision d'Ézéchiel. Les fresques contiennent aussi de nombreux éléments midrashiques. Ce fait ainsi que la méthode narrative des peintures font supposer que le modèle des artistes était un manuscrit (rouleau ou codex) illustré d'une paraphrase biblique.

— Gabrielle SED-RAJNA

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Autres références

  • JUDAÏSME - L'art juif

    • Écrit par
    • 6 862 mots
    • 6 médias
    ... III, 1 et 3), autorisant peintures et mosaïques à des fins esthétiques, se référaient probablement à des réalisations concrètes. Une seule synagogue, àDoura-Europos, dont les murs sont conservés sur presque toute leur hauteur, a livré le plus grand ensemble de peintures murales de l'Antiquité.
  • PALÉOCHRÉTIEN ART

    • Écrit par , et
    • 13 503 mots
    • 10 médias
    ...récente de nombreux païens. Dans une concomitance surprenante (et difficile à interpréter), les juifs se mettent à illustrer l'histoire sainte. La ville de Doura Europos (ville de garnison romaine située sur le coude de l'Euphrate, à la frontière actuelle de l'Irak et de la Syrie, que l'on a appelée...
  • PARTHES

    • Écrit par et
    • 5 328 mots
    • 4 médias
    ...commerce international, possède encore de grandioses monuments, dont l'architecture est toutefois très semblable à celle des villes de la Syrie romaine. Doura-Europos, sur l'Euphrate, fut surtout une colonie militaire et une place forte parthe, remarquable par la coexistence d'édifices religieux appartenant...
  • ROME ET EMPIRE ROMAIN - L'art romain

    • Écrit par
    • 14 634 mots
    • 35 médias
    ...on y a vu l'expression d'un courant artistique qui aurait pris naissance en Orient et se serait répandu dans tout l'Empire. Les fouilles de la ville de Doura-Europos, place frontière entre la Syrie romaine et la Mésopotamie, qui fut détruite par les Perses en 256, ont contribué à accréditer cette idée...