DOUZE SONATES, OPUS 5 (A. Corelli)
Les quatre premiers recueils de sonates en trio d'Arcangelo Corelli résument l'évolution de cette forme ; mais c'est celui de 1700 – la célèbre Opera quinta – qui exercera l'influence la plus durable en affirmant l'indépendance du violon : en témoignent les 42 éditions au moins qui en ont été recensées au xviiie siècle. Les douze sonates pour violon et continuo de cet opus 5 se partagent en six sonates d'église (sonata da chiesa) et six de chambre (sonata da camera) ; les premières sont en cinq mouvements – lent et solennel, allegro, grave, allegro, allegro final –, les secondes n'ont en général que quatre mouvements et gardent des noms de danses : prélude lent, allemande, sarabande, gigue ; la dernière sonate, La Follia, est une chaconne en forme de vingt-trois variations sur un thème alors en grande vogue. La distinction entre sonates d'église et de chambre est purement fonctionnelle : en Italie, on exécutait des sonates au cours de l'office liturgique, pendant l'Élévation notamment, et le clergé voulait préserver une certaine solennité en évitant les rythmes trop dansants. Multiforme, l'Opera quinta affirme les novations du style baroque, avec son emploi généralisé de la basse continue et les effets qui en découlent : technique des doubles cordes et recherche de la virtuosité. L'entrée en scène du violoniste virtuose, opposé à une basse ou à d'autres violonistes, préfigure la sonate préclassique, illustrée par Francesco Saverio Geminiani, Pietro Antonio Locatelli ou Giuseppe Tartini.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Juliette GARRIGUES : musicologue, analyste, cheffe de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)
Classification
Média