DRESDE
Capitale de l’État libre de Saxe, en Allemagne, située sur le passage naturel entre Bohême et plaine allemande, Dresde (en allemand Dresden) est une ville de 557 075 habitants (2019) qui s’est développée grâce à des fonctions politiques, administratives, culturelles et militaires induites par son statut de résidence électorale puis royale.
Avec un toponyme dérivé du sorabe drezdzany(« lieu des gens de la forêt marécageuse »), Dresde désigne la localité installée sur la rive gauche de l’Elbe, de peuplement slave puis germanique, qui acquiert le privilège urbain en 1216. Longtemps restée à l’ombre des margraves et de l’évêché de Meissen, la ville devient, en 1485, la résidence de la lignée albertine des Wettin, au moment de la partition saxonne. Elle est la capitale du territoire protestant le plus important du Saint Empire romain germanique après l’introduction de la Réforme en 1539. Jusqu’au règne du prince-électeur Maurice (1547-1553), la ville connaît une période de développement urbain et artistique (fondation de la Staatskapelle, un des plus prestigieux orchestres européens, en 1548) avant d’être affaiblie par la guerre de Trente Ans et les épidémies.
Au xviiie siècle, les prince-électeur Auguste le Fort et son successeur Frédéric-Auguste II modernisent la ville en une cité baroque, dont les édifices monumentaux (église Notre-Dame, Zwinger, Palais japonais, pont Auguste) rivalisent avec ceux des capitales d’Europe centrale. Auguste le Fort fait de Dresde un haut-lieu des arts en Europe, en constituant une grande collection d’œuvres d’art, qui compte encore parmi les plus importantes du monde. La vie de la cour crée de nouveaux besoins qui stimulent le développement de l’artisanat et de premières manufactures. L’extension urbaine progresse le long de l’Elbe, et Dresde devient la quatrième ville du Saint Empire par son nombre d’habitants (63 000 en 1755).
À partir de 1756, la ville est partiellement détruite par la guerre de Sept Ans, puis affaiblie après l’alliance malheureuse de la Saxe avec Napoléon. Promue royaume en 1806, celle-ci doit céder nombre de territoires à la Prusse lors du congrès de Vienne (1814-1815).
Pourtant, Dresde connaît au xixe siècle une période de prospérité qui repose sur le développement de l’administration et sur l’industrialisation du royaume, sous l’impulsion du roi qui pressent et promeut précocement les atouts de l’éducation et de la formation scientifique et technique (création d’un institut de formation technique en 1828 ancêtre de la célèbre Technische Universität Dresden) et du chemin de fer (première ligne de chemin de fer Dresde-Leipzig en 1839). Le développement de l’industrie de biens de consommation de luxe (chocolat, cigarettes), de la mécanique de précision et de l’optique suscite l’émergence de faubourgs industriels et l’affirmation de mouvements ouvriers lors de révoltes successives. De nouveaux ponts, gares et ports fluviaux sont construits. À la faveur de l’unification allemande de 1871, la fonction militaire de Dresde est confirmée par l’installation d’une des plus grandes garnisons de l’Empire dans le nord de la ville (Albertstadt). C’est aussi au xixe siècle que la ville, à la renommée artistique et culturelle internationale, gagne son surnom de « Florence de l’Elbe » et devient cosmopolite. À Dresde coexistent déjà des courants conservateurs favorables à une architecture respectant les canons traditionnels (reconstruction du pont Auguste en 1907-1910) et des mouvements d’avant-garde (Die Brücke). Cette ambivalence entre tradition et modernité caractérise les reconfigurations du paysage urbain pendant tout le xxe siècle.
En 1918, Dresde devient capitale de l’État libre de Saxe. La croissance démographique de la ville se poursuit sous la République de Weimar, marquée par la puissance des sociaux-démocrates,[...]
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Écrit par
- Hélène ROTH : docteure, maître de conférences en géographie à l'université Clermont Auvergne
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