DRUZES
Diversité des solutions politiques
D'autres Druzes se maintinrent dans le sud du Liban où ils se groupèrent autour de la famille Djoumblatt. Après 1918, par suite du découpage des anciennes provinces ottomanes, les Druzes, en fonction de leur localisation, se trouvèrent établis sur le territoire syrien, sur le territoire libanais ou sur le territoire palestinien (régions de Safed et du mont Carmel). Au Liban, la Constitution de 1926 puis le Pacte national de 1943 ont assuré aux Druzes une représentation à la Chambre des députés dans une proportion de 6,5 p. 100 des sièges. En 1949, Kamal Djoumblatt, leur chef, a fondé le Parti socialiste progressiste, dont les adhérents se recrutent essentiellement parmi ses fidèles. Leurs droits ayant été reconnus à l'égal des autres communautés, les Druzes ont joué leur rôle dans le jeu politique libanais jusqu'au moment où le problème des Palestiniens est venu interférer dans la politique du Liban : Kamal Djoumblatt a pris alors parti pour les Palestiniens ; après son assassinat en mars 1977, son fils Walīd assume sa succession.
Selon les estimations, le nombre des Druzes va de 200 000 à 350 000 au Liban, de 150 000 à 250 000 en Syrie ; ils sont 100 000 en Israël. Les Druzes vivant dans l'État d'Israël, après une période de coopération avec les dirigeants de ce pays, ont pris, à partir de 1981, une certaine distance en raison des projets de modification de leur statut, mais aussi en raison des attaques menées par les Israéliens contre les populations arabes. Les Druzes, bien que n'étant pas comptés par les autres musulmans comme de vrais adeptes de l'islam, entendent, sur le plan politique, et suivant en cela la doctrine de Kamal Djoumblatt, faire partie de la communauté arabe.
En Syrie, au début du mandat, les Français ont essayé de séparer le djebel Druze du reste du pays et d'en faire une province autonome ; la révolte de 1925-1926, née à Damas, gagna les provinces méridionales ; les Druzes y prirent une part importante ; le djebel Druze fut englobé dans la République syrienne dont il devint une province avec la ville de Soueyda pour centre administratif, province au particularisme marqué, proche parfois de l'autonomie, et où la famille al-Aṭrach a conservé une place prédominante.
En Palestine, les Druzes, d'abord soumis à l'autorité des Anglais, ont, après 1948, été intégrés dans l'État d'Israël, sans opposition apparente. Contrairement aux autres Arabes, ils sont astreints au service militaire, ce qui fait automatiquement d'eux des citoyens à part entière. À la suite de la guerre de Six Jours de juin 1967, des éléments de sécurité druzes ont été constitués par les Israéliens pour surveiller les territoires arabes occupés. Cette attitude loyale des Druzes d'Israël s'expliquait par leur opposition latente aux musulmans et le refus traditionnel de ceux-ci de les tenir pour vrais musulmans. Mais à partir des années 1980 et surtout après le déclenchement de la première intifada de 1987, un mouvement d'insoumission s'est développé au sein du contingent druze.
L'invasion du Liban par les Israéliens en juin 1982, puis l'élection d'Amine Gemayel, représentant des Phalangistes, à la tête de l'État libanais, enfin l'éviction des Palestiniens ont fait redouter à Walid Djoumblatt un isolement menaçant pour la communauté druze, notamment dans le Chūf d'où il a finalement évincé les chrétiens (1983-1984). Walīd Djoumblatt (chef du Parti socialiste progressiste) a évolué entre les différents courants et factions politiques du Liban, en s'efforçant de ne pas se heurter à la Syrie. Les Druzes ne paraissent pas avoir été mêlés aux prises d'otages occidentaux et, lors de la constitution du gouvernement libanais, après la conclusion de l'accord de Taëf et l'élection de [...]
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Écrit par
- Robert MANTRAN : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Provence-Aix-Marseille-I
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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