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DU BEAU, ENNÉADES I, 6 et V, 8, Plotin Fiche de lecture

Aux sources de l'art chrétien du Moyen Âge

La dualité de l'homme est celle qui partage son âme : ici-bas, elle se dissipe ; « là-bas », elle se ramasse, au contraire. Par « là-bas », Plotin entend non pas un lieu, mais le « Tout » de l'intelligible, qui consiste en l'unité de tous les intelligibles. La fin de toute activité humaine est donc la contemplation, parce qu'elle seule permet à chacun de vivre l'unité possible à l'objet, l'identification de soi à l'idée et, dans l'idée, au Soi universel (V, 8, 1 ; V, 8, 4 ; V, 8, 10). « Là-bas », c'est au-delà de l'Être, où tout est unité, où tout est identité essentielle entre l'occupant et l'occupé. La vision du Beau n'est pas la vision du sensible, mais celle de l'intelligible. Le Beau est donc l'absence de forme.

Ainsi un philosophe païen, Plotin, a-t-il fourni les bases conceptuelles à la pensée de l'image chrétienne. Dans le premier art chrétien comme dans l'art byzantin qui le prolonge, au moins jusqu'au vie siècle, celle-ci offre une vision du principe supérieur, l'ordre spirituel, qui se reflète dans la matière en la formant. L'art byzantin cristallise une relative duplicité, provenant du non-choix entre l'abstraction du fond qui, sans rien de décoratif, exprime l'infinité du divin, et la figuration de l'humain, puisque les saints sont humains, mais dans l'incarnation universelle de Dieu, dont ils procèdent. D'une certaine manière aussi, si le Beau est l'absence de forme, si le rôle de l'art est d'offrir une vision intellectuelle, la représentation sensible la plus adéquate à son essence sera celle que proposera l'art abstrait (Wassily Kandinsky, Du spirituel dans l'art, Paris, 1911).

— Daniel RUSSO

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de l'Université, ancien membre de l'École française de Rome, professeur d'histoire de l'art médiéval à l'université de Bourgogne

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