DU MONDE ENTIER. POÉSIES COMPLÈTES 1912-1924, Blaise Cendrars Fiche de lecture
Du monde entier. Poésies complètes 1912-1924 de Blaise Cendrars (1887-1961) paraît en 1967 chez Gallimard, dans la collection « Poésie », avec une préface de Paul Morand. Ce premier volume reprend jusqu’à Documentaires la composition de la première édition complète et définitive intitulée Du monde entier au cœur du monde, publiée en 1947 aux éditions Denoël.
La poésie en mouvement
Du monde entier est d’abord le titre d’un triptyque rassemblant dès 1919 les trois premiers poèmes d’avant-guerre. En décembre 1911, Frédéric Louis Sauser, qui s’est choisi le pseudonyme évocateur de Blaise Cendrars, débarque à New York. Sa nouvelle vie américaine le désespère. Durant la nuit de Pâques 1912, après une longue errance qui le conduit dans la First Bresbytarian Church de la 5e avenue, il ébauche Les Pâques à NewYork, poème inaugural de la rupture et de la rédemption christique. En 1913, il travaille, en même temps qu’à son roman Moravagine (qui sera publié en 1926), à la Prose du Transsibérien etde la petite Jehanne de France, poème-tableau, vertical, enluminé par Sonia Delaunay et paru en 1913, narrant une quête fictive. En 1914, Le Panama ou les Aventures de mes sept oncles, épopée poétique dont le titre fait écho à l’histoire mouvementée du canal et qui sera publiée en 1918, élargit la légende initiatique de ses voyages aux parcours des « sept oncles » sur d’autres continents.
Ces trois longs poèmes du voyage et de la modernité sont suivis des Dix-neuf poèmes élastiques (1919), « poèmes de circonstance » situés dans les polémiques des avant-gardes. Entre-temps, l’Allemagne a déclaré la guerre à la France. Engagé volontaire, Cendrars est envoyé sur le front, où il est grièvement blessé et amputé du bras droit (1915). Peu après, il écrit La Guerre au Luxembourg (1916), une suite ironique, brève et saccadée d’« enfantines » qui dénoncent les horreurs de la guerre. Suivent trois Sonnets dénaturés (1923), dont les acrobaties typographiques et jeux verbaux font exploser les codes académiques. Les Poèmes nègres (1922) peignent quant à eux un « continent noir » aux « grands fétiches » humiliés et exploités par « le commerce des Européens ». Le recueilreferme provisoirement la quête du poète sur Documentaires (ou Kodak,1924, selon son premier titre),collage d’instantanés cosmopolites à résonance cinématographique, cueillis entre les romans-feuilletons de Gustave Le Rouge et un récit de voyage de Maurice Calmeyn.
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Écrit par
- Yves LECLAIR : professeur agrégé, docteur en littérature française, écrivain
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