BOURGOGNE DUCHÉ DE
Les Valois : Jean sans Peur et Charles le Téméraire
Jean le Bon, après en avoir confirmé l'autonomie administrative et les privilèges, hérita en 1361 du duché en se donnant comme le plus proche parent du dernier duc capétien. Mais, dès 1363, il abandonna le duché de Bourgogne à son quatrième fils, Philippe le Hardi. Le premier des Valois de Bourgogne eut d'abord à lutter contre les routiers qui avaient envahi la Bourgogne sur les traces des Anglais, avec lesquels il avait fallu passer en 1360 le traité de Guillon. Mais il dut à son mariage avec Marguerite de Flandre de réunir à son duché les domaines de la maison de Flandre : Flandre et Artois, mais aussi Franche-Comté et Nevers. Ceux-ci constituent avec le duché le groupe des « pays de Bourgogne » pour lesquels s'institue à Dijon un véritable gouvernement central, dont les organes sont le gouverneur, la chambre du conseil (fondée en 1386) et la chambre des comptes. Toutefois les « grands jours » continuent à siéger à la fois à Beaune (pour les terres relevant du royaume) et à Saint-Laurent-lès-Chalon (pour celles qui relèvent de l'Empire).
Cet ensemble de territoires fut réduit sous Jean sans Peur (1404-1419) du fait de l'attribution de Nevers à un cadet. L'acquisition du comté de Tonnerre, enlevé par le duc au comte Louis, partisan des Armagnacs, devait être éphémère, à la différence de celle du Charolais, acheté en 1390. Mais, en 1417, le ralliement de Mâcon et d'Auxerre au parti bourguignon prélude au rattachement au duché de ces deux comtés et de Bar-sur-Seine. Celui-ci, consenti en 1424 par le roi lancastrien, est confirmé en 1435 par le traité d'Arras, qui y ajoute les élections royales.
Sévèrement éprouvé par la lutte contre les routiers, contre les Armagnacs, par le passage des écorcheurs et, plus tard, par les guerres entre Louis XI et Charles le Téméraire, le duché devait cependant profiter de la fortune de la maison de Bourgogne. Les ducs entendaient faire de Dijon une capitale véritable, aussi y construisirent-ils un palais ducal, la chambre des comptes et surtout la Chartreuse de Champmol ; fondée par Philippe le Hardi pour être la nécropole de sa lignée, celle-ci devint, grâce à des artistes appelés de Paris et des pays du Nord – tel Claus Sluter – un prodigieux foyer artistique. Philippe le Bon restait encore fidèle à la ville lorsqu'il fixa à la Sainte-Chapelle de Dijon le siège de l'ordre de la Toison d'or. C'est après 1430 que Bruxelles commença à éclipser Dijon comme résidence ducale. Mais les Bourguignons peuplaient l'entourage ducal et les administrations des pays septentrionaux : beaucoup d'entre eux firent au service du duc de belles fortunes, tel l'Autunois Nicolas Rolin, le fondateur de l'Hôtel-Dieu de Beaune, ou Philippe Pot, qui construisit les magnifiques châteaux de Châteauneuf et de la Rochepot. La Bourgogne participa ainsi au prestige et au luxe de la cour bourguignonne.
Au cours de cette période prend forme l'institution des états de Bourgogne, que Jean le Bon avait réunis pour la première fois durant sa régence. Philippe le Hardi se servit d'eux pour acquérir à l'égard de la royauté française une indépendance fiscale : en particulier par l'exonération des impôts indirects (les aides). Les états, qui réunissaient les seigneurs nobles ou ecclésiastiques et les représentants des villes, allaient jouer un rôle essentiel après la réunion de la Bourgogne à la couronne de France.
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Écrit par
- Jean RICHARD : doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de Dijon
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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