BOURGOGNE DUCHÉ DE
La réunion du duché au royaume de France
En 1477, à la mort de Charles le Téméraire, Louis XI fit entrer ses troupes en Bourgogne, sous prétexte d'abord de défendre les droits de sa filleule, Marie de Bourgogne. Puis, modifiant sa position, il réclama la réunion du duché à la Couronne, affirmant que, comme apanage, il devait faire retour au roi en l'absence d'héritier mâle. Les troupes royales occupèrent d'abord Dijon, puis le reste du pays. Mais, très vite, une révolte générale éclata : Dijon fut secoué par une « mutemaque » ; il fallut assiéger Beaune et Auxonne, soumettre l'Auxois et le Charolais. Le traité de Senlis (1493) rendit le Charolais et la Franche-Comté à la maison de Bourgogne, mais laissa le duché à Charles VIII. Charles Quint continua cependant à le revendiquer ; il obtint de François Ier, fait prisonnier à Pavie, une promesse de restitution (1526), mais le roi parvint à jouer du refus opposé par les états à une telle restitution, et Charles Quint renonça à ses droits par le traité de Crépy.
Tirant parti de ces difficultés, les Bourguignons avaient réussi à arracher au roi d'importantes concessions : la confirmation du privilège de 1361, la création (à la place des « grands jours », du conseil ducal et de la cour d'appel) d'un parlement souverain (déjà institué par Charles le Téméraire) qui fut transféré de Beaune à Dijon. Les états de Bourgogne se maintinrent, obtenant au cours du xvie siècle de se réunir tous les trois ans pour voter les impôts – ce qui leur permit de préserver le duché des impôts indirects, la gabelle exceptée.
Des gouverneurs représentaient le roi dans le duché. Leur action ne fut pas négligeable. En 1513, La Trémoille fit lever le siège que les Suisses avaient mis devant Dijon. En 1536, la Bresse et le Bugey ayant été conquis sur le duc de Savoie, l'amiral Chabot rattacha ces provinces à son gouvernement et aux cours souveraines de Dijon (mais non aux états) ; cette réunion, annulée en 1559, fut renouvelée après la conquête de ces pays par Henri IV (1601). Les Guises, qui succédèrent à Chabot, jouèrent un rôle important lors des guerres de Religion.
Les derniers soulèvements
La Bourgogne avait, en effet, été touchée, sans doute dès avant 1531, par la religion réformée. La Réforme ayant été adoptée par une partie de la bourgeoisie, lors de la prise d'armes de 1562, Chalon et Mâcon se donnèrent aux réformés, et le lieutenant général Tavanes empêcha de justesse Autun, Beaune et même Dijon de tomber entre leurs mains. En 1567, Auxerre leur fut acquise par surprise et, en 1568, Vézelay. Tavanes opposa aux protestants le réseau des ligues catholiques, qui rendit les prises d'armes impossibles ; la province n'en souffrit pas moins sévèrement du passage des « camps » (bataille d'Arnay-le-Duc, 1570) et des reîtres. Et les intrigues du gouverneur Mayenne, révolté une première fois en 1584, donnèrent une acuité particulière à la crise de la Ligue, au cours de laquelle le roi dut constituer un gouvernement royaliste, établi à Semur, en face de celui de la Ligue qui siégeait à Dijon. La capitulation de Dijon (1595), la victoire de Fontaine-Française, puis le traité de Folembray (1596), mirent fin à la crise en éloignant Mayenne de la Bourgogne.
Cependant le xvie siècle – époque d'expansion économique en dépit des guerres de la fin du siècle et de la crise monétaire et fiscale – est surtout l'époque de la montée d'une bourgeoisie qui s'enrichit dans la « marchandise » et qui accède aux offices. Les effectifs du parlement, des comptes et du bureau des finances récemment créé à Dijon ne cessent de s'enfler. La Ligue fournit aux bourgeois des conseils de ville l'occasion de manifester leur hostilité à ces officiers de haut rang. Mais ceux-ci commencent à tenir la première place dans la vie de la province et jusque[...]
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Écrit par
- Jean RICHARD : doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de Dijon
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