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ELLINGTON DUKE (1899-1974)

Le pianiste

Il fut un temps où Duke Ellington, encore adolescent, se contentait du piano pour s'exprimer. Né à Washington le 29 avril 1899, il reçoit son surnom aristocratique d'un camarade qu'impressionne sa distinction naturelle. À cette époque, il se destine encore aux arts plastiques, et l'on peut dire qu'il conservera toujours, devant le spectacle de l'univers, un regard de coloriste. Très vite, cependant, il sent naître en lui une vocation de musicien. En 1916, alors qu'il obtient son premier engagement professionnel au Poodle Dog Café de sa ville natale, il n'a d'autre ambition que de devenir un bon pianiste de ragtime, auteur de thèmes appréciés par le public et interprétés par ses confrères (sa première composition, Soda Fountain Rag, est écrite cette année-là). Au début des années vingt, fixé à New York, où il bénéficie des conseils et des encouragements de maîtres comme Willie Smith « The Lion », James P. Johnson, « Luckey » Roberts et, plus tard, Fats Waller, il acquiert la réputation d'un remarquable spécialiste du style stride. Son approche pianistique, de ce moment, a toujours témoigné d'une forte personnalité, au point de déconcerter encore de nombreux auditeurs dans les années soixante. Au vrai, Duke n'a jamais été un grand technicien du piano. Son toucher est rude, sa frappe nerveuse. Mais il sait construire un chorus avec logique, développer des lignes mélodiques incisives (où la discontinuité apporte sans cesse un élément de surprise) et plaquer des accords qui captent l'attention par leur véhémence ou leur caractère non orthodoxe. L'architecture se révèle tout ensemble audacieuse et péremptoire. Il y a dans sa manière quelque chose de subtilement provocant qui a fait de lui, pendant les dix dernières années de sa carrière, surtout, l'un des improvisateurs les moins conventionnels de son orchestre. C'est ce qui lui a permis de se produire avec des musiciens de style plus moderne (Charlie Mingus, John Coltrane) sans jamais paraître anachronique.

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Écrit par

  • : docteur en psychologie, membre du Collège de pataphysique et de l'Académie du jazz, romancier

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Médias

Duke Ellington - crédits : MPI/ Archive Photos/ Getty Images

Duke Ellington

Duke Ellington et Dizzy Gillespie - crédits : Gjon Mili/ The LIFE Picture Collection/ Getty Images

Duke Ellington et Dizzy Gillespie

Autres références

  • TAKE THE "A" TRAIN (D. Ellington)

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    « Je pense que tous les musiciens devraient un jour se rassembler, se mettre à genoux et remercier le Duke » (Miles Davis). Véritable créateur de l'esthétique du grand orchestre, Duke Ellington réussit à mêler dans un langage très personnel le blues et le swing, la simplicité des...

  • BASIE WILLIAM dit COUNT (1904-1984)

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    Duke Ellington pense plus à ses solistes qu'à sa formation instrumentale. Quand il ne leur dédie pas de véritables concertos, il compose en fonction du tempérament de musiciens qu'il connaît parfaitement – entrer chez le Duke, c'est pratiquement signer un engagement à vie –, il construit ses pièces en...
  • BELLSON LOUIE (1924-2009)

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    Méconnu en Europe, l'Américain Louie Bellson fait néanmoins partie de la fine fleur des batteurs de sa génération. Partenaire habituel des plus grands solistes, il reste avant tout, au-delà d'un incontestable talent de compositeur et d'arrangeur, l'un des maîtres de la percussion dédiée aux grands...

  • BIGARD BARNEY (1906-1980)

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    Reine chez les créoles, la clarinette connaît son heure de gloire dans la prime jeunesse du jazz. À cette époque, on joue du black stick et accessoirement du saxophone (bientôt les termes s'inverseront). On trouve donc de nombreuses vedettes de l'instrument chez ces jazzmen que l'on qualifie parfois...

  • BLANTON JIMMY (1918 ou 1921-1942)

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    Dans son autobiographie Music is my Mistress, publiée en 1973, Duke Ellington écrit : « Jimmy Blanton a révolutionné le jeu de la contrebasse, qui n'a plus été le même depuis lors. » Dans les années 1930, en effet, malgré les remarquables avancées réalisées par Walter Page ou...

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