DUNKERQUE

Dunkerque, ville de 92 510 habitants, est le centre d'une agglomération industrielle et portuaire de 180 000 habitants (en 2012) qui s'étend en bordure de la mer du Nord, entre l'estuaire de l'Aa et la frontière belge.

D'abord petit port de pêche, Dunkerque a supplanté Bergues, ancien siège de l'amirauté de Flandre, aujourd'hui à l'intérieur des terres, à mesure que la poldérisation comblait la Plaine maritime. Son annexion par la France en 1662 permit à ses marins de se lancer dans une fructueuse guerre de course contre l'Angleterre et la Hollande. Jean Bart, célébré à chaque fête locale et notamment lors du fameux carnaval, fut le plus prestigieux de ses corsaires. Port franc, Dunkerque connut au xviii^e siècle une nouvelle prospérité, de courte durée, en ravitaillant l'Angleterre en vins et alcools et la France en harengs fumés, mais ne se releva pas du Blocus continental. En revanche, l'arrivée du chemin de fer, la volonté de mettre fin au « détournement » du trafic maritime de la France septentrionale par Anvers et les débuts de l'industrialisation ont provoqué une nouvelle expansion à la fin du xix^e siècle (60 000 hab. environ pour l'agglomération en 1900, contre 30 000 cinquante ans plus tôt). Pendant la Première Guerre mondiale, Dunkerque tint une place essentielle dans le trafic transmanche, mais ce rôle s'atténua dès le retour à la paix.

La bataille de Dunkerque (28 mai-4 juin 1940) puis les bombardements provoquèrent la destruction du port et de la quasi-totalité de la ville, sinistrée à 80 p. 100 (10 000 hab. en 1946). Dès 1950, pourtant, le port avait retrouvé sa capacité d'avant guerre et la ville commençait à se relever de ses ruines. Une dizaine d'années plus tard, une première extension (nouveau bassin maritime parallèle au rivage et long de 6 km) lui permettait de mieux exploiter les remarquables qualités nautiques du site, abrité des tempêtes par les bancs de sable de Flandre. Les extensions n'ont pas cessé depuis lors, avec le creusement de bassins à flot puis d'un avant-port minéralier, à Gravelines, accessible aux navires de 22 mètres de tirant d'eau (de 300 000 à 400 000 tonnes). Au troisième rang national, derrière Marseille et Le Havre, pour le trafic total (47,1 millions de tonnes en 2014), le Grand Port maritime de Dunkerque (créé en 2007) vient au premier rang si on exclut les hydrocarbures.

Dunkerque a assis son développement sur l'amélioration des liaisons avec l'hinterland national (lignes ferroviaires précocement électrifiées, canal à grand gabarit, autoroutes A25 et A16) et sur une vigoureuse industrialisation, concrétisée par l'accueil du principal complexe sidérurgique et métallurgique français (Usinor devenu Arcelor en 2002 puis Arcelor-Mittal en 2006, dont fait aujourd’hui partie Sollac ; Vallourec devenu Europipe en 1991 et fermé en 2015, etc.), d'une centrale nucléaire (Gravelines) puis, en 1998, par la mise en service du gazoduc de Norvège (Norfra), auxquels s'ajoutent raffineries de pétrole, cimenterie, aluminium (Alcan, rachetée par Rio Tinto en 2007), chimie, agroalimentaire (Coca-Cola), etc. La montée des difficultés industrielles (notamment dans le domaine de l'armement maritime et de la construction navale, puis de la sidérurgie) ont néanmoins mis fin à la remarquable expansion démographique des années 1960 à 1980.

L'agglomération de Dunkerque trouve aujourd'hui un nouveau souffle dans le développement des complémentarités portuaires avec ses anciennes rivales de la mer du Nord, Calais, Ostende et Anvers, dans la petite industrie, les activités tertiaires, notamment culturelles et éducatives (principal pôle de l'université multipolaire du Littoral Côte d’Opale) et dans la valorisation des avantages de sa situation littorale : vieux[...]