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HOFFMAN DUSTIN (1937- )

Une période incertaine

Les années 1980 et 1990 ne sont guère favorables à Dustin Hoffman, qui semble prolonger son personnage à travers des films plaisants, plutôt courageux dans la description sociale, mais peu inventifs. Dans Family Business (Affaires de famille, 1989), de Sidney Lumet, il est obligé de participer à un fric-frac, coincé qu’il est entre deux générations : le père (Sean Connery), spécialiste qui rêve du casse du siècle, et le petit-fils (Mattew Broderick), jeune universitaire tenté par la transgression. Dans Billy Bathgate (1991), Robert Benton lui donne le rôle – tout en retenue appliquée – d’une sorte de Scarface sur le déclin. Stephen Frears, dans Hero (Héros malgré lui, 1992), fait de Hoffman, au gré des besoins de la presse, un authentique « héros inconnu » supplanté par un imposteur avant d’être réhabilité dans son statut médiatique. Mais Hero n’est, hélas, que du Capra sans Capra ! Moralement parfait dans Outbreak (Alerte !, Wolfgang Petersen, 1995), notre chevalier sauve l’Amérique et le monde d’un terrible virus, imposant de justesse, contre Morgan Freeman et Donald Sutherland, un traitement médical plutôt que la radicalité de l’action militaire. Dustin Hoffman croise ensuite Robert De Niro dans deux films de Barry Levinson très opposés : Sleepers (1996), qui prône la connivence des copains contre la loi, et Wag the Dog (Des hommes d'influence, 1997), satire politique à la fois d’actualité (Bill Clinton et l’affaire Lewinsky) et prémonitoire (la seconde guerre d’Irak), où les deux hommes doivent fabriquer de toutes pièces une fausse guerre contre l’Albanie pour masquer les frasques sexuelles d’un président en période électorale. Sphère (1998), du même réalisateur, accumule sans originalité les clichés de la science-fiction récente, avec Sharon Stone au côté d’Hoffman.

Au cours de cette période, Dustin Hoffman n’a pas abandonné le théâtre. À Broadway, en 1984, il interprète Willy Loman dans Mort d'un commis-voyageur, d'Arthur Miller. L'adaptation télévisée, réalisée par Volker Schlöndorff, lui vaut un Emmy Award et un Golden Globe en 1986. À Londres, en 1990, il joue avec bonheur Shylock dans LeMarchand de Venise, de Shakespeare.

Mais les années 2000 marquent un nouveau et mauvais pas dans sa carrière cinématographique. De plus en plus marginalisé, il lui arrive de n’être plus qu’une voix, off ou de doublage, comme celles de la conscience de l’héroïne dans le film Jeanne d’Arc de Luc Besson (1999), du rat Roscuro dans le film d’animation The Tale of Despereaux (La Légende de Despereaux, 2008), de Sam Fell et Robert Stevenhagen, ou encore de maître Shifu Sweng dans la série des Kung Fu Panda (2008-2016). Il est le truculent capitaine Crochet dans Hook (1991), une réalisation peu inspirée de Steven Spielberg dont les recettes ne répondent pas au budget excessif engagé. On le retrouve en futur beau-père plutôt libéral dans Meet the Fockers (Mon Beau-père, mes parents et moi, 2004), et dans sa suite, Little Fockers (Mon Beau-père et nous, 2010). Mais, dans ces comédies sans subtilité de Jay Roach, Hoffman est en fait dominé par la présence de Robert De Niro... Mr. Magiorium’s Wonder Emporium (Le Merveilleux Magasin de Mr Magorium, 2007), de Zach Helm, propose, lui, un merveilleux duo entre Dustin Hoffman, magicien et marchand de jouets de deux cent quarante-trois ans, et son assistante Natalie Portman, dans un univers magique qui demande que l’on se force un peu pour y croire. L’acteur est également le maître de chœur exigeant et inoubliable du Virtuose (Boychoir, 2015), qui permet au talent d’un collégien de s’épanouir. Pour l’amour de sa voisine, Dustin Hoffman, biologiste retraité, devient un « spécialiste » des tortues dans le très plaisant téléfilm britannique Roald Dahl’s EsioTrot (Un amour de tortue, Dearbhla Walsh,[...]

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux Cahiers du cinéma

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