DYAUS
Le panthéon védique connaît un dieu « Ciel » (en sanskrit : dyu-, nominatif : dyaus) que la liturgie invoque presque toujours conjointement à la Terre (en un composé duel : dyava-prthivi). Il s'agit d'une divinité apparemment très anodine : sa part dans le culte est quasi nulle et les mythes qui la concernent sont rares et peu clairs. De nombreux signes indiquent cependant qu'il n'en était pas ainsi à une date ancienne (c'est-à-dire à l'époque indo-européenne, vers le ~ Ve millénaire, le Véda n'ayant été élaboré qu'à partir du ~ IIIe millénaire).
Le nom même de Dyaus Pitar (le « Ciel Père ») se retrouve, en effet, dans l'Antiquité classique, où Zeus Pater-Jupiter règne sur l'univers. En sanskrit, d'ailleurs, les dieux sont des devas (mot qui veut dire « célestes » et se rattache à la racine dyudiv qui donne le nom du ciel), ce qui est une façon de les désigner comme « fils » de Dyaus (le « père » par excellence, dans la terminologie védique). Mais, si l'on songe que le roi des dieux est Indra, le type même du dieu-fils, on soupçonne là quelque drame mythologique, dont effectivement le Véda conserve des souvenirs, allusifs et voilés. Par comparaison avec les autres religions indo-européennes, on infère qu'Indra a usurpé son trône en tuant (ou en châtrant ?) son père, peut-être à la suite de l'inceste que celui-ci avait commis sur la personne de sa fille (afin de procréer les êtres vivants).
Relégué à l'arrière-plan du monde divin, Dyaus n'est plus l'objet que d'une révérence lointaine ; il ne subsiste dans le culte védique qu'à titre de vestige et disparaît complètement dans l'hindouisme classique.
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Écrit par
- Jean VARENNE : docteur ès lettres, professeur à l'université de Lyon-III
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