EASY RIDER, film de Dennis Hopper
Easy Rider est la première réalisation d'un acteur, Dennis Hopper, qui pour l'occasion décide d'occuper les deux côtés de la caméra. Après La Fureur de vivre (Rebel Without a Cause, 1955) de Nicholas Ray, Règlements de comptes à O.K. Corral (Gunfight at the O.K. Corral, 1957) de John Sturges qui le font connaître du grand public, le jeune comédien tient tête à Henry Hathaway sur le plateau de La Fureur des hommes (From Hell to Texas, 1958), ce qui lui vaut d'être écarté des studios d'Hollywood. En 1969, un temps reconverti dans la peinture et la photographie (il entreprend une importante collection d'œuvres pop art), il décide de réaliser un road movie, indépendamment d'Hollywood, avec Peter Fonda qui lui donne la réplique, mais occupe aussi les fonctions de producteur et de coscénariste. Réalisé avec très peu de moyens, sur fond de guerre du Vietnam, le film est porteur des valeurs anticonformistes de la génération beatnik. Il fait un triomphe. En déconstruisant le rêve américain, mythe fondateur de la nation, lors d'une traversée à rebours de la conquête de l'Ouest, le film dénonce l'intolérance, la bêtise et le conformisme de l'Amérique profonde. Le voyage, fait de rencontres et d'incompréhensions, est l'occasion d'une virulente satire des valeurs de l'Amérique. Ce premier film inspirera ultérieurement une génération de cinéastes européens de Michelangelo Antonioni avec Zabriskie point (1969) à Wim Wenders avec Paris-Texas (1984).
Western contemporain
Le film s'annonce comme un carnet de voyage ou une suite de croquis ; une histoire de longues routes vides, entre les banlieues de Los Angeles et celles de la Nouvelle-Orléans, parsemées de stations essences. Une Amérique qui n'est plus touristique. Billy et Wyatt, qui viennent d'empocher une grosse somme d'argent en dealant de la drogue, traversent le pays d'ouest en est sur leurs motos bariolées. Ils espèrent gagner le carnaval de Mardi gras à la Nouvelle-Orléans. Exclus des villes qu'ils traversent, jetés en prison, confrontés au racisme et à la violence, le voyage prend des allures cauchemardesques. George Hanson (Jack Nicholson), rencontré en prison, les rejoint dans ce périple et sera tué lors d'un lynchage. Accablés, les deux motards rejoignent rapidement la Nouvelle-Orléans pour s'installer dans une maison close recommandée par Hanson. Ils y fréquentent les prostituées, assistent au carnaval, s'adonnent aux hallucinogènes dans un cimetière. Sur la route du retour, ils seront pris en chasse par deux camionneurs fous, puis gratuitement abattus comme des lapins.
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Écrit par
- Kristian FEIGELSON : maître de conférences, sociologue à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
Classification
Autres références
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HOPPER DENNIS (1936-2010)
- Écrit par Christian VIVIANI
- 815 mots
Attachant et contradictoire, Dennis Hopper fut un personnage aux multiples facettes. S'il a exercé au cinéma en tant qu'acteur et réalisateur, il a été également un photographe inventif et un peintre original, comme l'a montré en 2008 une belle exposition de la Cinémathèque française....
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NICHOLSON JACK (1937- )
- Écrit par Joël MAGNY
- 1 523 mots
C'est avec Easy Rider, de Dennis Hopper (1969), après dix ans de carrière et une trentaine de rôles au cinéma et à la télévision, que Jack Nicholson rencontre la célébrité. Ce film-culte de la jeunesse des années 1970 et 1980 constitue un tournant dans l'histoire du cinéma américain. Il va également...