EAU Les défis de l'eau
Qualité des milieux aquatiques et des écosystèmes
Les atteintes à la qualité des milieux aquatiques dans les pays développés sont aujourd'hui, par ordre d'importance, la pollution diffuse d'origine agricole, les pollutions urbaines, la pollution industrielle et enfin les retombées des pollutions atmosphériques.
Les pollutions agricoles concernent d'abord les excès de fertilisation azotée, qui contaminent les nappes souterraines et les rivières par des nitrates. Dans bien des nappes superficielles en région agricole, la teneur en nitrates dépasse déjà la norme de potabilité fixée à 50 mg/l de NO3, et continue de croître. Réduire cette pollution serait en théorie facile, il suffirait de mettre moins d'engrais dans les champs, avec pour conséquence une diminution substantielle des rendements. Mais le délai entre la cause (l'apport d'engrais azotés) et les conséquences (la teneur en nitrates dans le milieu) peut se chiffrer en décennies. Il faudra être très patient pour espérer revenir à un état normal. La profession agricole s'ouvre peu à peu à la recherche de solutions, mais demande en échange une prise en charge par la collectivité du « manque à gagner » dû à cette réduction des rendements. On cherche actuellement à « optimiser » cet apport d'engrais, en fonction de la vulnérabilité des milieux, de la présence de captages à protéger, du type de culture, ou encore en mettant en place, en hiver, sur les sols usuellement à nu, des cultures intermédiaires pièges à nitrates (C.I.P.A.N.), comme la moutarde, qui vont extraire du sol les nitrates au lieu de les laisser lessiver par les pluies. Au printemps, ces C.I.P.A.N. sont enfouis, servant d'engrais vert. Les épandages de lisiers sur les champs contribuent aussi fortement, dans certaines zones comme en Bretagne, à l'apport de nitrates. Les apports en phosphates sont moins gênants pour les nappes, car ces derniers sont peu solubles et se fixent en général sur les matières particulaires, que l'on va retrouver dans les rivières en cas d'érosion. Les apports en nitrates et en phosphates sont ainsi responsables, dans les lacs, rivières et zones côtières, du phénomène d'eutrophisation qui est une croissance excessive des micro-algues (phytoplancton) et des macro-algues. Ces organismes, en pullulant, produisent par photosynthèse de la matière organique ; cependant, quand ils meurent, leur oxydation consomme tout l'oxygène présent dans l'eau, conduisant à l'anoxie et à la mort de la faune. Ces pullulements d'algues peuvent aussi être dangereux pour l'homme (cyanophycées toxiques) ou donner un goût désagréable à l'eau. L'agriculture utilise aussi des pesticides qui se retrouvent dans l'eau, par infiltration ou ruissellement, responsables de teneurs parfois supérieures aux normes de potabilité dans les eaux superficielles et souterraines. Ces normes sont très sévères (0,1 μg/l pour un pesticide identifié, ou 0,5 μg/l pour un mélange de pesticides), mais les effets de ces pesticides (ou de leurs molécules filles, produites par biodégradation) sont difficiles à apprécier et insuffisamment connus. On peut lutter contre cette pollution par l'agriculture biologique, en plein développement, ou par la mise au point de nouvelles molécules plus actives, donc utilisées en plus petites quantités, et présentes à des teneurs plus faibles, inférieures aux normes. Les tests de toxicité de ces nouveaux produits les disent peu toxiques, plus facilement biodégradables, mais cela reste controversé.
Les pollutions urbaines sont aujourd'hui, dans les pays d'Europe, de mieux en mieux maîtrisées grâce à la construction de stations d'épuration des eaux usées. Les rejets urbains en temps normal contiennent de la matière organique biodégradable, de l'[...]
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Écrit par
- Ghislain de MARSILY : professeur émérite à l'université de Paris-VI-Pierre et-Marie-Curie, membre de l'Académie des sciences, de l'Académie des technologies et de l'Académie d'agriculture de France
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