EBOLA (VACCIN CONTRE LE VIRUS)
La fièvre Ebola est une fièvre hémorragique qui touche l’homme et les grands singes. Elle est provoquée par un virus à ARN qui appartient à une famille de filovirus dite Ebola, d’après le nom du premier virus découvert (EBOV pour Ebolavirus – anciennement appelé virus Zaïre). On connaît actuellement cinq groupes de virus qui lui sont apparentés et qui partagent environ 60 % de leur génome, mais diffèrent significativement pour le reste d’un type à un autre. Ces différences expliquent la variabilité de leur pouvoir pathogène, allant d’une quasi-innocuité pour l’homme dans le cas du virus dit Reston à une mortalité proche de 80 % pour le virus EBOV (responsable de l’épidémie de 2013-2015). Jusqu’en 2013, les poussées épidémiques de ces fièvres avaient été essentiellement localisées et rapidement circonscrites, ne provoquant qu’un petit nombre de décès dans les populations concernées. De ce fait, la production de médicaments ou de vaccins contre les virus de type Ebola ne constituait pas une priorité pour la recherche pharmaceutique.
Premier vaccin contre la fièvre Ebola
En revanche, l’épidémie qui a débuté en 2013 en Guinée s’est rapidement étendue aux pays limitrophes (Liberia, Sierra Leone). Elle a pris une ampleur remarquable et n’a été apparemment jugulée que durant l’été 2015. Elle a provoqué le décès d’au moins 11 000 personnes sur les 28 000 cas recensés et a désorganisé les systèmes de santé et l’économie des pays concernés. Une vive inquiétude dans l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest et, à un moindre degré, dans le reste du monde est à l’origine d’une mobilisation internationale sans précédent pour une épidémie de fièvre hémorragique. En l’absence de traitements autres qu’expérimentaux, l’accent a porté sur la production de vaccins, du moins d’un vaccin contre la souche responsable de cette épidémie, qui a finalement été mis au point en un temps record. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a ainsi pu annoncer le succès des essais cliniques menés en Guinée et les résultats ont été publiés dans la revue scientifique médicale britannique The Lancet le 3 août 2015. Ces résultats concernent un vaccin produit par le laboratoire pharmaceutique américain Merck Sharp & Dohme (MSD). Il s’agit d’un vaccin à ADN recombinant. Le principe consiste à induire une réponse immunitaire spécifique (anticorps et cellules tueuses) dirigée contre une glycoprotéine de l’enveloppe externe du virus Ebola, dont on a montré qu’elle avait une capacité vaccinale. Pour ce faire, on insère le gène codant pour cette protéine dans le génome d’un virus rendu inoffensif, ce que l’on appelle un vecteur viral, d’usage courant en biotechnologie. Dans ce cas particulier, le vecteur est dérivé du virus de la stomatite vésiculaire (VSV), d’où le nom de rVSV-ZEBOV donné à ce vaccin, « r » pour « recombinant » et « Z » pour Zaïre, la cible étant le sous-type Zaïre du virus Ebola. Le virus recombinant, ayant intégré le gène de la protéine vaccinale dans son génome, pénètre dans les cellules du sujet. La protéine vaccinale y est alors produite. Son expression induit la réponse immunitaire spécifique que l’on souhaite protectrice. Les tests menés sur le macaque ont montré son innocuité et une protection totale vis-à-vis du virus Ebola virulent.
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Écrit par
- Gabriel GACHELIN : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur
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Média