EBOLA (VACCIN CONTRE LE VIRUS)
L’efficacité du vaccin contre le virus Ebola
Devant l’urgence épidémique, les essais cliniques ont rapidement été étendus à l’homme. Les derniers avant commercialisation (essais dits de phase III) ont été menés en Guinée sur environ 7 500 personnes. La méthode utilisée a été celle de la vaccination dite en ceinture, inspirée de celle qui a servi pour éradiquer la variole : l’idée est de créer une protection autour d’un cas déclaré en vaccinant les personnes ayant été au contact du malade. Les essais, qui ont débuté le 23 mars 2015, ont consisté à vacciner, immédiatement après le diagnostic posé chez un malade, environ la moitié des personnes ayant été en contact avec lui (groupe 1, soit 4 123 personnes), puis à vacciner les autres (groupe 2, soit 3 528 personnes) trois semaines plus tard, soit après le moment où la fièvre pouvait apparaître dans la plupart des cas d’infection (le délai d’incubation étant de l’ordre d’une dizaine de jours). Cette méthode, commandée par l’urgence de la situation et reposant sur la comparaison des résultats obtenus sur les deux cohortes, constituait une alternative à un essai randomisé avec une cohorte témoin recevant un vaccin existant et conçu contre une autre maladie qu’Ebola. L’essai a été interrompu délibérément en juillet 2015 pour permettre, d’une part, l’analyse des résultats et, d’autre part, la vaccination des personnels médicaux situés en première ligne dans la lutte contre la maladie.
Sur l’ensemble des personnes vaccinées, aucun cas de fièvre Ebola n’a été observé dans le groupe 1, et seize l’ont été dans le groupe 2 : la vaccination précoce protège donc dans 100 % des cas. Projetée sur l’ensemble du groupe, l’efficacité estimée serait au moins de 75 %. Prudents dans leur rapport d’étape publié le 3 août 2015, les auteurs concluent que le vaccin semble être hautement efficace et sûr. En d’autres termes, on observe chez l’homme la même protection absolue ou quasi absolue que celle qui a été obtenue chez le macaque. Le vaccin n’a provoqué que peu d’effets secondaires significatifs.
Un programme de vaccinations en ceinture peut donc permettre d’interrompre les chaînes de contamination. Au-delà, rien ne prouve que des vaccins du même type se révèlent aussi actifs contre les autres membres de la famille du virus Ebola. Quoi qu’il en soit, la communauté médicale a disposé pour la première fois d’une arme efficace contre la maladie. Le 22 décembre 2016, l’OMS confirmait l’efficacité totale du vaccin rVSV-ZEBOV. Sur les 5 800 personnes vaccinées moins de dix jours après le contact avec un patient atteint de fièvre Ebola, aucun n’a développé la maladie. Il s’agit là également d’un grand succès pour la stratégie vaccinale à base d’ADN. Devant ce résultat, il a été décidé que MSD produise plusieurs centaines de milliers de doses et qu’elles soient stockées pour être utilisées lors d’une éventuelle poussée épidémique, cela sans attendre les accords de mise sur le marché. Une partie de ces doses a été utilisée avec succès lors des épisodes épidémiques survenus depuis en Afrique de l’Ouest (2017) et en République démocratique du Congo (2019).
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Écrit par
- Gabriel GACHELIN : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur
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Média