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ECCLÉSIOLOGIE

L'ecclésiologie dans l'histoire

Le christianisme, incluant la révélation d'une Église, ne fait pas que livrer le sens de Dieu ; il a apporté aussi un certain sens de l'homme. Celui-ci devait nécessairement rencontrer les conceptions diverses de l'homme qui se sont formées au cours de l'histoire. Cette rencontre a suscité soit des oppositions, soit des symbioses. D'où des ecclésiologies successives diverses.

L'influence du monde gréco-romain

Ce sens de l'homme s'est exprimé dans l'Église en premier lieu au sein du monde gréco-romain dans un climat intellectuel platonicien. Certes, le langage ainsi que les idées du platonisme n'ont pas été repris purement et simplement par les auteurs chrétiens ; mais l'Église s'est comprise elle-même d'abord dans le climat spirituel du néo-platonisme et du stoïcisme : celui d'une hiérarchie des êtres, les plus hauts degrés d'être étant célestes, hors de nos prises, éternels. Selon cette conception antique, les réalités sensibles reflètent dans le monde corporel les actions divines, l'ordre céleste. Dieu et le monde d'en haut sont considérés comme présents et actifs dans ce monde-ci. L'Église put ainsi apparaître comme le « symbole » où se joignent l'action céleste et sa manifestation terrestre, comme l'épiphanie du divin.

Cette vision spirituelle de l'Église, qui a été celle des Pères de l'Église dans le monde gréco-romain, transcrit en termes d'être, et selon une théologie de la création, le donné biblique qui prend ainsi forme et consistance de message éthique et exprime l'alliance de Dieu avec les hommes. Cette interprétation ontologique était, il est vrai, contenue dans le message moral du Christ, et elle a été sanctionnée par les conciles. Elle a permis de regarder l'Église comme un mystère, non seulement historique mais cosmique ; elle a une grande cohérence théologique. Elle est reçue par les Églises traditionnelles (Église orthodoxe, Église catholique romaine, anciennes Églises d'Orient). Le risque existe cependant de substituer à l'attente eschatologique, qui est au cœur de la Bible, une préoccupation soit ontologique et allégorique, soit morale et exemplariste, plus grecque que judéo-chrétienne. Ce danger n'est compensé que par l'affirmation qu'il y a une unique histoire du salut, laquelle repose sur l'unité du peuple de Dieu. Dans cette perspective, l'Église (l'Una sancta) tient son unité historique du Christ, tête du corps mystique, et de l'Esprit-Saint qui conduit le peuple de Dieu et vient remplir l'univers.

C'est sur ce fondement ecclésiologique qu'ont été formulées théologiquement les principales données de la structure de l'Église, reçues d'abord de l'Église primitive judéo-chrétienne : succession apostolique ; rôle de l'évêque et collégialité du corps épiscopal ; rôle respectif des laïcs et des prêtres ; salut en corps ; symphonie des pouvoirs spirituel et temporel ; validité des actes sacramentels ; pouvoir personnel de l'évêque de Rome, successeur de Pierre ; universalité virtuelle de l'Église. La chrétienté du Moyen Âge est née de ce grand mouvement unificateur, dans lequel l'Église était considérée comme devant réaliser en elle l'unité du monde habité, sous l'impulsion du Christ, tête de l'univers.

L'Église et la société chrétienne au Moyen Âge

Un instant entrevu, cet idéal a favorisé la naissance de la chrétienté. Mais il portait en lui la confusion entre l'Église et la société civile. Au cours du Moyen Âge, les compétences de l'une et de l'autre furent souvent mélangées. La réforme pontificale de l'Église, dite réforme grégorienne – elle a commencé avec les papes Léon IX (1049-1054) et [...]

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Écrit par

  • : directeur du Centre d'études Istina et de la revue Istina

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