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ECCLÉSIOLOGIE

Les ecclésiologies contemporaines

Les chrétiens n'accordent pas tous la même importance aux données de la constitution de l'Église reçues en droite ligne des Apôtres et de la primitive Église. Mais un consensus de plus en plus grand s'est dessiné entre les Églises au sein du mouvement œcuménique pour reconnaître que l'Église a été fondée par Jésus sur la reconnaissance de la Trinité et de Jésus-Christ comme Seigneur et Sauveur. Sur le fondement de cette foi commune, les communions chrétiennes réunies dans le mouvement œcuménique gardent cependant des ecclésiologies différentes. Cette divergence des ecclésiologies ne peut être résolue par l'Écriture seule ; elle met en jeu à la fois l'interprétation de l'Écriture, c'est-à-dire une herméneutique, et un jugement sur les traditions, c'est-à-dire la critique historique. La question de l'unité de l'Église est ainsi à la fois biblique et historique. On peut la poser de la façon suivante : « Puisque la promesse du Saint-Esprit est attachée dans le Nouveau Testament, non pas à toutes les communautés chrétiennes possibles, mais à la seule Église fondée historiquement par Jésus-Christ, quels sont les critères visibles de l'Église une, sainte, catholique et apostolique, confessée par tous les chrétiens dans le symbole des Apôtres ? »

L'ecclésiologie de l'orthodoxie

Pour l'orthodoxie, l'Église est surtout un mystère, lié à la célébration de l'eucharistie. Elle est la communion des Églises locales. L'orthodoxie réagit ainsi contre l'idée d'Église universelle et contre la centralisation qui lui est habituellement attachée en Occident. La succession apostolique est pour l'orthodoxie la succession continue des évêques qui, depuis les origines, occupent les sièges des Églises fondées par les Apôtres en exerçant leur ministère dans l'Église locale. Comme les Églises elles-mêmes, les évêques sont des égaux dans l'Église : aucun patriarche, aucun primat n'a juridiction sur les autres. Il y a seulement des primautés d'honneur attachées aux sièges apostoliques. Dans l'Église réunie, il n'y a place pour l'évêque de Rome, comme pour tout autre hiérarque exerçant une présidence effective dans l'Église, que selon une primauté inter pares.

L'aspect peu unifié de l'ensemble de la vie religieuse en Orient n'a pas que des justifications théologiques. Il a aussi et d'abord des causes historiques. En Occident, Rome était au début pratiquement le seul centre culturel et politique ; en Orient, au contraire, il existait de nombreux centres. L'Église s'est organisée, ici et là, non pas seulement sur la base des sièges apostoliques, mais sur celle des circonscriptions nationales et régionales : Antioche et Alexandrie furent des centres, bien avant Byzance. D'Antioche et d'Alexandrie sont issues respectivement les Églises nestorienne et monophysite, séparées depuis le concile de Chalcédoine.

Ce furent donc les influences spirituelles et politiques des différents centres qui donnèrent naissance à des Églises et, par voie de conséquence, à des ecclésiologies diversifiées en Orient. L'ecclésiologie est d'ailleurs attachée en Orient au rite plutôt qu'à la confession ; le mot « rite » ne signifiant pas uniquement les coutumes liturgiques, mais aussi les réglementations du droit ecclésiastique et la spiritualité. Dans l'Église orientale, il y a cinq rites fondamentaux : byzantin, alexandrin, antiochien ou syriaque occidental, syriaque oriental ou chaldéen, et arménien. La plupart d'entre eux, à cause de leur vaste diffusion, ont subi de nouvelles modifications, donnant naissance à des ramifications liturgiques de ces rites. Il y a ainsi dans le rite byzantin les rites grec, slave,[...]

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Écrit par

  • : directeur du Centre d'études Istina et de la revue Istina

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