UTRECHT ÉCOLE D', peinture
Au cours de la première décennie du xviie siècle, les peintres nordiques accomplissent le voyage à Rome, devenu traditionnel pour tous les artistes de l'Europe occidentale désireux d'échapper au provincialisme, c'est-à-dire au maniérisme attardé. Utrecht, ville du sud des Pays-Bas, où des peintres comme Hendrick Ter Brugghen (1588-1629), Gerrit von Honthorst (1590-1656) et Dirck van Baburen (1570-1624) rapportent de Rome l'art révolutionnaire de Caravage (vers 1571-1610), va devenir le centre d'une nouvelle école et d'un nouveau style, où s'opère la fusion du caravagisme et de l'esprit nordique, qui inspirera toute la grande peinture hollandaise (hormis Rembrandt, qui connaîtra l'art de Caravage à travers la version elsheimérienne qu'en donne le « romaniste » Lastman), à Haarlem, à Delft surtout, mais aussi à Amsterdam et à Leyde.
L'influence de Caravage
Seul Ter Brugghen, à Rome en 1604, a pu connaître directement Caravage (et, bien qu'on ne lui connaisse pas d'œuvre antérieure à 1620, il est peu probable que sa peinture ait tout de suite été marquée par l'art de ce dernier). Lorsque Honthorst et Baburen arrivent à leur tour à Rome, respectivement en 1610 et en 1612, Caravage est mort, mais ses principaux tableaux sont visibles, à Saint-Louis-des-Français, à Sainte-Marie-du-Peuple, chez les Giustiniani, les Barberini, les Borghèse... Outre le contact direct avec les œuvres du maître, c'est par l'intermédiaire d'un peintre comme Manfredi que va s'élaborer le caravagisme utrechtois. Autour de 1615, Manfredi va populariser en quelque sorte le style de Caravage en traitant par prédilection des scènes de genre, réunions de buveurs, de joueurs de cartes ou de musiciens autour d'une table, qui auront un grand succès auprès des Nordiques, surtout après leur retour à Utrecht. L'influence de Caravage sur ces peintres va se manifester dans plusieurs domaines : le choix des thèmes, et plus encore la façon de les aborder, où se mêlent noblesse et trivialité (grande peinture religieuse, traitée de façon dramatique mais sans décorum, comme un événement familier, scènes de genre imprégnées de poésie et de mystère), la composition se déployant dans un espace peu profond (figures monumentales groupées en frise qui se détachent sur un fond nu, et dont les gestes parfois violents sont comme immobilisés), et enfin le traitement du volume des corps par la lumière et l'ombre visant à donner, grâce aussi à l'accentuation du contour, la sensation illusionniste et presque tactile de la présence physique du modèle vivant qui joue dans cette peinture un rôle considérable.
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Écrit par
- Françoise HEILBRUN : historienne de l'art
Classification
Médias
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