UTRECHT ÉCOLE D', peinture
De nouvelles orientations
Dès leur retour à Utrecht, les caravagesques ont entraîné dans leur sillage, pour un temps plus ou moins bref, des artistes, Utrechtois ou non, qui n'étaient pas allés en Italie : à Utrecht, Bronckhorst et Johan Moreelse, le Leydois Jacob III de Gheyn et Cesar van Everdingen d'Amsterdam ; à Delft, Vermeer... Honthorst, le plus populaire, car le plus facile à imiter, finira même par influencer le vieux Bloemaert, maniériste qui avait formé les trois grands maîtres du caravagisme d'Utrecht. Frans Hals lui-même sera marqué par le luminisme clair des Utrechtois, auxquels il doit ce sens du modelé des visages et des mains.
Vers 1645, le caravagisme décline à Utrecht et, même si un Van Galen à Hasselt peint encore dans les années 1660 des scènes de théâtre tout à fait dans la manière de Honthorst, depuis longtemps Ter Brugghen d'une part et Honthorst de l'autre ont abandonné la leçon de Caravage, le second pour se souvenir de celle des Carrache et s'inspirer de l'art de Rubens. Et sans doute ne devrait-on pas isoler le caravagisme d'Utrecht de son contexte ; tout comme le souvenir de l'art italien prébaroque que les Utrechtois ont également connu à Rome explique le déclin du caravagisme nordique, en particulier chez Honthorst ; on peut voir dans l'influence de Bassano, encore très présente à Utrecht au début du siècle, la raison pour laquelle le luminisme caravagesque a été si bien accueilli et compris dans cette ville (alors qu'en Flandre, et surtout à Anvers, l'influence de Caravage chez un peintre comme Rombouts, contrariée par les fortes personnalités de Rubens et de Van Dyck, dont l'art offre des solutions nouvelles, s'éteindra peu après son retour de Rome). À Utrecht, en outre, la veine maniériste, dont l'art de Ter Brugghen et de Baburen conservera pendant un temps certaines caractéristiques (chairs boursouflées et poses contorsionnées), resurgit ou se prolonge dans certains traits du nouveau courant caravagesque ; certains thèmes comme celui de l'entremetteuse et de l'amour vénal et certaines mises en page (figure en gros plan et à mi-corps) l'attestent. En définitive, le caravagisme d'Utrecht a permis à la peinture hollandaise du xviie siècle de se mesurer à l'art de Rubens et au baroque italien de définir le cadre qui va être désormais le sien jusqu'à la fin du siècle : celui de la peinture de genre, d'une peinture d'intérieur et d'atmosphère qui ira en se raffinant toujours davantage.
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Écrit par
- Françoise HEILBRUN : historienne de l'art
Classification
Médias
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