FONTAINEBLEAU ÉCOLE DE
La seconde école de Fontainebleau
La notion d'une seconde école de Fontainebleau s'est également établie tardivement pour désigner les artistes français travaillant sur les chantiers royaux sous le règne de Henri IV. Admise par Dimier, qui fut un des premiers à en étudier les peintures, cette notion fut combattue par certains historiens (J. Adhémar). Cependant, les liens visibles entre la première et la deuxième école, le fait que ses principaux artistes ont laissé leurs œuvres majeures précisément au château de Fontainebleau, la ressemblance de style et d'inspiration invitent, malgré tout, à conserver cette dénomination.
La période correspondant à cette seconde école est l'une des plus obscures de l'histoire de l'art français. On connaît aussi mal les artistes de transition entre la première et la seconde école, comme le fils de Nicolò Dell'Abate, Giulio Camillo Dell'Abate, ou Ruggiero de Ruggieri (mort en 1591), qui étaient pourvus de charges importantes et furent parfois les maîtres ou les collaborateurs des peintres de la seconde école. On connaît aussi mal le milieu que les entoure et en particulier les artistes flamands (excepté H. Francken) mentionnés alors à Fontainebleau et à Paris, à un moment où précisément les échanges entre l'art proprement parisien et l'art bellifontain semblent s'intensifier. Enfin, de nombreuses œuvres des artistes de la seconde école de Fontainebleau ont malheureusement disparu.
Malgré tout, quelques traits majeurs caractérisent l'art des peintres de cette seconde école. Les Italiens n'y jouent plus le premier rôle, les Français occupent désormais les postes de direction. L'apport nordique y est essentiel, de nombreux artistes, comme Dubois, les Dhoey, étant originaires des Pays-Bas. Leurs modèles sont plus volontiers le Primatice que le Rosso et, aussi, Nicolò Dell'Abate, dont ils apprécient la couleur et les tendances « modernes » (goût du paysage, de la scène de genre...). L'inspiration a changé : à côté des thèmes mythologiques apparaissent des thèmes romanesques tirés des œuvres à la mode (romans grecs anciens ou poèmes du Tasse). La couleur froide de la première école est remplacée par un coloris plus chaud, par une exécution plus rapide.
Toussaint Dubreuil (1561-1602) eut un rôle important, mais bref, à Fontainebleau. Il est l'auteur de plusieurs ensembles disparus (au pavillon des Poesles, à la galerie des Chevreuils et à la galerie des Cerfs), du décor de la Petite Galerie du Louvre (disparue), où il collabora avec Jacob Bunel (1558-1614), artiste pratiquement inconnu, mais important. Il décora aussi, à la fin de sa vie, le château de Saint-Germain (quelques dessins et fragments peints en sont conservés au Louvre et à Fontainebleau). Dubreuil s'y révèle décorateur habile et personnel, paysagiste de valeur, souvent proche de l'art du xviie siècle français. Sa mort prématurée amena au premier plan Ambroise Dubois (Ambroisius Boschaert, Anvers, 1543 - Fontainebleau, 1614), artiste moins original, mais décorateur très doué, qui réalisa à Fontainebleau des ensembles encore en place (l'Histoire de Théagène et Chariclée, ancien cabinet de la reine, actuel salon Louis XIII) ou partiellement conservés (cabinet de Clorinde, galerie de Diane ; chapelle haute).
Autour de Dubois et de Dubreuil gravitent des artistes obscurs comme les Dhoey, G. Boba, Maugras ou d'autres, à peine mieux connus, comme H. Lerambert, G. Honnet, T. Dumée. (Ambroise Dubois travailla avec ses deux derniers artistes et J. Bunel au cabinet doré de la reine au Louvre.)
Martin Fréminet (1567-1619), formé en Italie où il subit l'influence de la dernière vague du maniérisme (Zuccari, le Cavalier d'Arpin), revint en France après la mort de Dubreuil. Il laisse à Fontainebleau sa grande œuvre, la décoration de la chapelle[...]
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Écrit par
- Sylvie BÉGUIN : conservateur en chef au département des Peintures du musée du Louvre
Classification
Médias
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