FONTAINEBLEAU ÉCOLE DE
La gravure
Bartsch appelle gravure de l'école de Fontainebleau un groupe d'estampes qu'il classe à la fin du dix-septième volume consacré à l'eau-forte italienne. Ces estampes sont, pour la plupart, anonymes ; généralement gravées à l'eau-forte, elles se ressemblent par le style et la manière libre. La plus ancienne porte la date de 1547. Ce catalogue, assez restreint, de Bartsch comprenait nombre d'anonymes et quelques graveurs, principalement italiens (Antonio Fantuzzi). La notion d'école de Fontainebleau ainsi établie fut ensuite considérablement élargie par F. Herbet dans une série d'articles sur la gravure. En cherchant à réunir le maximum de documents susceptibles d'éclairer l'histoire du château de Fontainebleau, Herbet inclut dans l'école de Fontainebleau même des artistes étrangers à ce mouvement, comme Giorgio Ghisi, parce qu'il avait gravé certaines compositions du Primatice.
Le problème fut repris, de manière d'ailleurs assez différente, par les historiens de la gravure (Renouvier, Lieure, Linzeler, Adhémar, Zerner) ; les uns s'en tiennent aux auteurs acceptés par Bartsch ; les autres sont moins restrictifs. Ainsi se sont trouvés catalogués dans l'école de Fontainebleau le groupe d'eaux-fortes étudiées par Bartsch, des graveurs au burin (Milan, Boyvin, Domenico del Barbiere), des graveurs reproduisant des compositions d'artistes de Fontainebleau (Delaune, Du Cerceau, Galle, Bonasone), sans oublier un supplément, que Bartsch ignorait, comprenant des graveurs français (Dumonstier, L. Limosin, le mystérieux Maître L. D., Jean Mignon et Juste de Juste). Dans cet ensemble figurent des graveurs de reproductions travaillant d'après les chefs-d'œuvre italiens (surtout Jules Romain, Parmesan et Michel-Ange) ou bellifontains (essentiellement le Rosso, Primatice et Luca Penni), mais aussi des graveurs originaux (Limosin, Dumonstier, Juste de Juste).
Les dates des eaux-fortes prouvent qu'un atelier graphique a existé à Fontainebleau entre 1542 et 1548 environ ; il semble avoir eu pour objet de conserver, peu après la mort du Rosso, les témoignages du nouveau style décoratif, comme s'il s'agissait d'un véritable manifeste artistique. Cet atelier disparaît probablement au moment où les difficultés financières et l'exode vers Paris de certains artistes vont introduire dans la capitale le style bellifontain ; et c'est à Paris que les burinistes continuent à graver les maîtres de Fontainebleau. Le fait qu'une gravure ait été exécutée à Fontainebleau ou à Paris ne signifie donc pas grand-chose et il est difficile de distinguer ce qui est proprement parisien de ce qui est bellifontain.
Ce n'est pas un hasard si la notion d'école de Fontainebleau s'est établie à propos de la gravure ; en effet, celle-ci non seulement diffuse le manifeste de Fontainebleau, mais en conserve souvent les seuls témoignages sûrs, car, on l'a vu, les peintures de cette école sont rares ou bien ont subi les injures du temps et des hommes. Il convenait donc de rappeler le rôle essentiel de la gravure qui offre le panorama le plus large de l'art bellifontain et qui a été aussi un facteur indispensable dans la diffusion internationale de l'école de Fontainebleau.
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Écrit par
- Sylvie BÉGUIN : conservateur en chef au département des Peintures du musée du Louvre
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Médias
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