GUJARĀT ÉCOLE DE
D'une remarquable unité de style, du xiie (1127) à la fin du xvie ou au début du xviie siècle, l'école de manuscrits illustrés de Gujarāt fut l'héritière des traditions de la grande peinture murale de l'Inde médiévale (notamment par les procédés techniques : par exemple, plafond du Kailāsa d'Ellorā, xe-xie s.) et peut-être l'inspiratrice de l'école râjpoute (xvie s.). D'abord faits de palme (1127-1400 env.), puis de papier (depuis 1350 env.), les feuillets (de format allongé) étaient empilés entre deux planchettes formant couverture, l'illustration occupant un peu plus du tiers de la feuille. Les sujets sont en majorité empruntés à la tradition religieuse jaina, parfois à l'hindouisme : Rāmalakshanacharita, Kālpasūtra, Histoire de Kālaka. Ils sont traités selon une stylisation particulière : les personnages indiens ont le corps représenté de face et le visage de profil, mais les deux yeux figurent (le plus éloigné est proéminent) ; les musulmans sont peints le visage de face. Dans ces miniatures il y a peu de personnages (en perspective hiérarchique), quelques accessoires simplifiés (objets domestiques), un décor très réduit, architectural, les éléments végétaux sont rares.
Jusqu'au xve siècle environ, la palette est pauvre : vermillon, pourpre, blanc, peu d'or, un trait noir assez lourd ; le fond, uni, est rouge vif (xiie-xvie s.). L'évolution se traduit par une surcharge progressive du fond (souvent bleu), l'emploi accru de la dorure et de l'argent, une palette plus variée : un vieux rose, du bleu, plus rarement un ocre et un vert s'ajoutent aux couleurs utilisées précédemment ; le trait est plus fin et plus délié. Une influence irano-chinoise se décèle dans certains éléments : chevaux, éléphants, nuages stylisés.
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Écrit par
- Jeannine AUBOYER : conservateur en chef du département des Arts asiatiques des Musées nationaux (musée Guimet), professeur à l'École du Louvre
Classification
Autres références
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INDE (Arts et culture) - L'art
- Écrit par Raïssa BRÉGEAT , Marie-Thérèse de MALLMANN et Rita RÉGNIER
- 49 040 mots
- 67 médias
Au Gujarāt persiste plus qu'ailleurs le plafond à l'indienne, qui est obtenu par des encorbellements et par l'abattage des angles sous la calotte de la coupole, et qui passe du carré à l'octogone puis au polygone à seize pans, enfin à la circonférence. Des détails promis à un brillant avenir ont pris...