SALERNE ÉCOLE DE MÉDECINE DE
Entre la chute de l'Empire romain et la Renaissance, l'école de Salerne joua un rôle inestimable dans l'histoire de la médecine. Si l'on ignore la date précise de sa création, les noms de ses fondateurs (ils seraient au nombre de quatre : un Latin, un Grec, un Arabe et un Juif), l'endroit où elle se dressait exactement, on sait en revanche que l'école dispensa, du ixe au xive siècle, un enseignement théorique et pratique de la médecine et de la chirurgie, fondé non seulement sur l'étude des textes anciens mais sur l'examen des malades eux-mêmes, qui étaient hébergés dans la partie hospitalière de l'université. Celle-ci, bien qu'en excellents termes avec l'Église et, particulièrement, avec le proche monastère du Mont-Cassin, était d'esprit résolument laïque et fut ouverte à toutes les nations, à toutes les religions. Les étudiants venaient de l'Europe entière et des pays bordant la Méditerranée, et le diplôme décerné par Salerne conférait au jeune médecin une estime et une réputation inégalables. Les femmes participèrent à l'enseignement, tout autant donné que reçu : la célèbre Trotula enseignait la gynécologie et laissa des ouvrages d'obstétrique et d'hygiène, et l'on connaît les noms de cinq femmes parmi les étudiants.
L'école a connu trois grandes périodes. La première, du ixe au xie siècle, évoque l'école hippocratique de Cos : enseignement strictement laïque, étude des textes anciens grecs et latins ; la seconde concerne l'enrichissante introduction de la médecine arabe, grâce, en grande partie, à Constantin l'Africain ; ce nouveau courant donnera à l'école de Salerne un âge d'or s'étendant de la fin du xie siècle à celle du xiiie. Puis s'amorce un déclin assez rapide et, déjà tombée dans l'oubli au début du xvie siècle, elle est officiellement dissoute par Napoléon en 1811.
Mais l'école doit aussi sa célébrité aux œuvres écrites, souvent collectives et anonymes, dues aux grands maîtres qui l'animaient. Le plus célèbre ouvrage reste La Médecine selon le régime sanitaire de l'école de Salerne (Flos medicinæ vel regimen sanitatis Salernitanum) dont les préceptes médicaux, rédigés vers 1060 en vers latins, étaient assortis de règles de morale, de déontologie et d'hygiène élémentaire ; son influence va durer des siècles, et le Regimen est à l'origine d'une foule d'ouvrages sur la préservation de la santé. On en retrouve quelque chose dans les conseils d'hygiène que prodigue la presse contemporaine non spécialisée.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jacqueline BROSSOLLET : archiviste documentaliste à l'Institut Pasteur, Paris
Classification
Autres références
-
CONSTANTIN L'AFRICAIN (1015-1087)
- Écrit par Jacqueline BROSSOLLET
- 685 mots
Lorsqu'il arriva à Salerne en 1076, Constantin était auréolé d'une légende facilement greffée sur une vie d'aventures : né à Carthage, il serait allé jusqu'aux Indes, mais séjourna réellement en Syrie, en Égypte, en Éthiopie et à Bagdad, apprenant le grec, l'hébreu, l'arabe, le latin, le syriaque,...