NANCY ÉCOLE DE
« Ma racine est au fond des bois » (Émile Gallé)
Lampe de table rhododendron, É. Gallé
Sotheby's/ AKG-images
Caractéristique majeure de l'Art nouveau lorrain, l'inspiration que les artistes tirèrent de la nature fut vivement encouragée par Émile Gallé, dont les connaissances botaniques lui avaient valu d'être nommé secrétaire de la Société centrale d'horticulture de Nancy dès 1877. Pour lui, l'étude des plantes devait permettre le renouvellement de la production artistique. « Le conseil le plus pratique à donner au décorateur qui cherche des éléments figuratifs pour le meuble, écrivit-il, c'est de les prendre dans la vie des êtres et de les traiter avec vérité. » (Le Mobilier contemporain orné d'après nature, 1900). Pour Gallé, ce répertoire de formes végétales et animales n'était pas uniquement ornemental mais devait également permettre aux artistes de renouveler la structure même des meubles et des objets. Au nombre de ses propres créations, quantité de vases et luminaires semblent figer pour l'éternité les formes éphémères de la nature. Cet idéal artistique était en outre servi par sa maîtrise exceptionnelle de différentes techniques de fabrication et de décoration du verre (verre soufflé ou moulé, verre multicouche au décor gravé à la roue ou à l'acide, marqueterie de verre...). La lampe Les Coprins (1902, verre et fer forgé, Musée de l'école de Nancy, Nancy) ou la girandole aux coloquintes témoignent de la liberté offerte par les appareils d'éclairage électriques et reproduisent les différents stades de croissance et d'évolution de la plante. Encouragés par le succès remporté par les œuvres de Gallé lors des expositions universelles, de jeunes artistes et industriels s'engouffrèrent dans la voie ouverte par le maître verrier. Tout en conservant des traits qui leur étaient particuliers, ils firent de la nature leur source d'inspiration essentielle. Dans un esprit Louis XV, Louis Majorelle associa souvent à son mobilier des éléments de bronze doré reprenant la forme de végétaux. L'entreprise Daum produisit une verrerie de qualité, Jacques Gruber (1870-1936) acquit une grande célébrité grâce à des vitraux figuratifs, usant d'une technique traditionnelle qu'il perfectionna. Quant à Eugène Vallin (1856-1922), il produisit des meubles que caractérise un modelé puissant évoquant la croissance de la plante. Par ces objets de décoration, la nature pénétrait à l'intérieur de l'espace domestique. En concevant et en commercialisant des ensembles mobiliers complets, certains artistes, à l'instar de Vallin pour la salle à manger de Charles Masson (1904, Musée de l'école de Nancy, Nancy), donnaient naissance à de véritables œuvres d'art total. Ne restait plus qu'à leur fournir un cadre architectural adapté.
C. Philippot/ Musée de l'Ecole de Nancy
Salle à manger Masson, E. Vallin
Studio Image/ Musée de l'Ecole de Nancy
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Écrit par
- Hervé DOUCET : maître de conférence en histoire de l'art contemporain, université de Strasbourg
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Lampe de table rhododendron, É. Gallé
Sotheby's/ AKG-images
C. Philippot/ Musée de l'Ecole de Nancy
Salle à manger Masson, E. Vallin
Studio Image/ Musée de l'Ecole de Nancy
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