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PALO ALTO ÉCOLE DE

L'école dite de Palo Alto, en Californie, et la thérapeutique qu'elle a mise en œuvre au sein du Mental Research Institute (appelée aussi « analyse systémique » ou « thérapie familiale », mais en un sens assez précis) se caractérisent, spécialement au regard de la psychanalyse européenne, par une relative indifférence vis-à-vis de l'approche théorique de la névrose et de la psychose au profit de l'approche pratique des interactions sociales dans lesquelles s'inscrivent telle ou telle pathologie individuelle.

Mais la pratique thérapeutique du Mental Research Institute se veut aussi éloignée du behaviorisme et de la théorie du schéma stimulus-réponse que d'un humanisme psychosociologique bien représenté aux États-Unis par la non-directivité de Carl Rogers. Pour l'école de Palo Alto, l'apprentissage et le développement d'un être humain ne peuvent se réduire à un simple conditionnement (si complexe soit-il) : il s'agirait plutôt d'une interprétation progressive dans un système d'interrelations, d'abord familial. Cette approche, qu'il faut rattacher à la théorie des « paradoxes » de Bertrand Russell et à la « pragmatique » de Gregory Bateson, mais aussi aux recherches de J. L. Austin (How to do Things with Words, 1962 ; trad. franç. Quand dire, c'est faire, 1970) et de J. R. Searle, se fonde sur l'analyse de la communication et des interrelations contemporaines.

C'est sur ce terrain que l'approche thérapeutique du Mental Research Institute cherche à s'opposer, plus ou moins clairement, à la théorie psychanalytique traditionnelle. À Palo Alto, c'est le fonctionnement actuel du système d'interactions dans lequel est pris le patient qui constitue l'élément déterminant de la thérapie. Alors que, dans la cure psychanalytique, ce serait la prise de conscience par le patient des causes anciennes de ses perturbations actuelles qui amènerait la guérison, pour la thérapie de Palo Alto, il suffirait que le thérapeute prenne conscience de ce que sont les interrelations actuelles du patient et se guide sur ce savoir pour obtenir chez celui-ci un changement de son jeu interactif. Dans son ouvrage intitulé Changements. Paradoxes et psychothérapie (trad. franç., 1981), Paul Watzlawick, un des plus célèbres représentants de la méthode, évoque plusieurs exemples de ces « coups » du thérapeute et, en particulier, celui dans lequel le thérapeute encourage le symptôme de son patient, afin que, dans le système d'interactions repéré, ce symptôme change de valeur et perde ainsi de son efficacité. Car le but du traitement de Palo Alto est bien la disparition du symptôme ou de la perturbation : cette disparition doit correspondre à un remodelage de l'économie du système relationnel du patient de sorte que le simple déplacement du symptôme dénoncé par la théorie psychanalytique ne saurait se produire ; bien au contraire, le remodelage ainsi engendré doit pouvoir se poursuivre au-delà des objectifs du traitement, définis au préalable et en commun par le thérapeute et par le patient.

Ainsi l'efficacité de cette thérapeutique se caractérise-t-elle de trois manières. D'abord, il s'agit d'une thérapeutique actuelle appliquée à un système interactif actuel (même si l'analyse des interactions peut remonter jusque dans le passé). Ensuite, l'efficacité de l'intervention de l'analyste ne vient pas de ce qu'elle informe le patient afin que celui-ci prenne conscience de ses problèmes, mais de ce que cette intervention ne s'intègre pas immédiatement dans le jeu du patient et qu'elle l'amène à découvrir d'autres règles du jeu. Enfin, ce « recadrage » ne suppose pas une analyse théorique des conditions de possibilité d'un « bon jeu » : il s'agit seulement de modifier des modèles d'interactions[...]

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