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DANUBE ÉCOLE DITE DU

<it>Déploration sur le Christ mort</it>, W. Huber - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Déploration sur le Christ mort, W. Huber

L'expression d'école du Danube désigne un courant de l'art allemand du début du xvie siècle. Elle est apparue vers 1900, lorsque furent constatées d'étroites analogies stylistiques entre les œuvres d'Albrecht Altdorfer et celles d'un certain nombre de peintres de la même époque, en particulier Wolf Huber. Le phénomène a depuis lors fait l'objet d'études approfondies, qui ont eu pour double résultat de mettre au jour un vaste matériel et d'en fausser radicalement l'interprétation.

L'esprit régionaliste qui a longtemps régné en histoire de l'art a fait voir dans l'école du Danube la dernière de ces écoles locales, florissantes au xve siècle, auxquelles l'influence italienne allait substituer l'uniformité d'une production soumise à un idéal unique. Elle aurait donc été à la fois l'ultime manifestation de l'esprit gothique au moment où celui de la Renaissance s'emparait de l'Allemagne, un art populaire et le fruit d'un certain terroir, la vallée du Danube entre Ratisbonne et Vienne, avec ses paysages de collines boisées où les peintres auraient puisé leur inspiration. Altdorfer a vécu dans la première de ces villes, et c'est dans la seconde, ou plus largement en Basse-Autriche, que l'école du Danube aurait pris naissance, avec les œuvres de Rueland Frueauf le Jeune, de Jörg Breu l'Ancien et de Lucas Cranach l'Ancien. Le caractère de l'école résiderait avant tout dans l'importance accordée au paysage, à une certaine forme de paysage, la Stimmungslandschaft, le paysage-état d'âme. On a parfois élargi la notion d'école du Danube de la peinture (à laquelle se rattachent la gravure et le dessin) à la sculpture et à l'architecture des régions danubiennes pendant la phase tardive du gothique, dont les œuvres seraient les manifestations d'une même spiritualité.

Cette interprétation de l'école du Danube n'est pas fausse : elle est aussi dépourvue de consistance que les notions sur lesquelles elle repose, fruits d'une idéologie néo-romantique en voie de disparition. L'extension du concept à l'architecture n'est pas acceptable : aucun lien formel ne saurait être établi entre les édifices mentionnés à l'appui de la thèse et la peinture d'Altdorfer ou de Wolf Huber, à laquelle ils sont nettement antérieurs. Il en va différemment de la sculpture, surtout des bas-reliefs : souvent exécutés d'après un modèle livré par un peintre, ils présentent des analogies stylistiques avec la peinture, accrues par une indéniable tendance à la recherche d'effets picturaux. Aussi est-on fondé à parler d'un style du Danube en sculpture, représenté entre autres par Leinberger, l'auteur du retable de Moosburg, qui eut un atelier à Landshut entre 1513 et 1530 environ.

Le terme d'école est lui-même impropre et ne devrait être employé ici qu'entre guillemets, dans la mesure où il implique l'idée d'une tradition que les ateliers transmettaient à cette époque, comme le feront plus tard les académies. L'existence de fortes écoles locales dans l'Allemagne du xve siècle s'explique par une certaine concentration de la vie picturale dans quelques grands centres exportateurs de peinture ; de nouvelles conditions économiques, et non l'influence italienne, entraînèrent vers 1500, avec une plus grande dispersion des artistes, un affaiblissement des traditions locales et une diffusion plus large des courants stylistiques. Aussi est-il vain de vouloir tracer à l'école du Danube des frontières géographiques et stylistiques précises. C'est en termes de foyer, non de frontières, qu'il faut l'envisager. Autour d'Albrecht Altdorfer et de Wolf Huber (dont les rapports, très étroits, sont loin d'être clairs) gravitent un grand nombre d'artistes qui[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art à l'université de Genève

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<it>Déploration sur le Christ mort</it>, W. Huber - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Déploration sur le Christ mort, W. Huber

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