ÉCOLE FRANÇAISE D'ATHÈNES
Fondée dans le grand élan de philhellénisme qui accompagna la libération de la Grèce du joug ottoman, « l'École française de perfectionnement pour l'étude de la langue, de l'histoire, des antiquités grecques » (ordonnance royale de 1846), le plus ancien établissement scientifique à l'étranger et le premier institut archéologique à s'établir à Athènes, est désormais définie comme un centre de recherches « dans toutes les disciplines se rapportant à la Grèce antique et byzantine, [...] un lieu d'échanges [...] [qui] assure la diffusion de ses recherches » (décret de 1985) : du projet un peu vague de Louis-Philippe au laboratoire actuel, l'histoire de l'École est aussi celle de la naissance, de l'épanouissement et des dernières mutations d'une discipline scientifique, l'archéologie grecque.
Depuis son origine, l'École française d’Athènes (E.F.A.) recrute par concours des membres, presque tous agrégés des lettres ou d'histoire, issus pour beaucoup de l'École normale supérieure. Ils sont une dizaine de Français, auxquels s'ajoutent quatre étrangers, Belges, Suisse, Canadien, venus quatre ans participer aux programmes de recherche de l'École, où chacun trouve selon son goût et ses compétences sujet de thèse et thèmes d'études. Mais l'activité scientifique de l'École n'est pas le fait de ses seuls membres : anciens membres ou non, ce sont plus de quatre-vingts universitaires et chercheurs du C.N.R.S. qui viennent régulièrement travailler sur les chantiers, préparer les publications. Depuis les années 1980, l'École accueille chaque année plus de deux cent cinquante hôtes venus consulter la bibliothèque, les collections de photos, de plans...
Au centre des bâtiments, construits en 1872 en lisière de l'Athènes d'alors sur des terrains donnés à cette fin par la Grèce avec une générosité qui permit d'implanter un des plus beaux jardins de la ville, la bibliothèque est un instrument de travail qui, quoique ne figurant sur aucun guide, a incité plus d'un archéologue à faire le voyage. Les rayons, accessibles au spécialiste 24 heures sur 24, tout au long de l'année, renferment près de 90 000 volumes, dont les séries de quelque 700 périodiques. Outre l'archéologie grecque et méditerranéenne, dont les publications sont rassemblées depuis le milieu du xixe siècle, l'histoire byzantine, l'archéologie de la France et des pays slaves sont particulièrement bien représentées. Les acquisitions se font en harmonie avec les autres bibliothèques d'Athènes.
L'autre pôle de la documentation de l'École est constitué par les collections de photos, de plans et d'archives. Témoins privilégiés des grandes trouvailles sur les champs de fouille, souvenirs de voyages en des lieux que le développement technique a métamorphosés, voire fait disparaître, les photos sont à la fois un outil de travail, un document susceptible d'analyses et d'interprétations successives et aussi un objet archéologique servant à l'histoire de la photo et de son utilisation dans les sciences humaines. Il en va de même pour les plans qui, œuvres des Prix de Rome venus de la Villa Médicis travailler avec leurs camarades athéniens, de collaborateurs de rencontre ou d'architectes-archéologues, nous renseignent au mieux sur les rapports conflictuels et passionnants entre architecture et archéologie. À une époque où le développement des techniques, notamment de l'informatique, tend à remettre en cause certaines fonctions du livre, par ailleurs menacé par les coûts croissants de sa production, le développement d'un tel centre de documentation conditionne l'avenir.
La documentation ainsi collectée provient du travail fait sur le terrain, dans les voyages, les fouilles, les[...]
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Écrit par
- Olivier PICARD : professeur émérite à la Sorbonne, membre de l'Institut
Classification
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