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ÉCOLE FRANÇAISE DE DANSE

L’ année 2013 a marqué le tricentenaire de l’école française de danse. Mais ce n’est pas tant la création en 1713 du Conservatoire de danse – l’une des premières « écoles de danse » au monde –, qui deviendra celle de l’Opéra national de Paris, que célèbre cet anniversaire, que la permanence d’une technique et d’un style « à la française ».

Quelques jalons historiques

La conception d’une danse savante, c’est-à-dire fondée sur une technique et un « vocabulaire » si précis que tous les pas sont nommés, est née sous le règne de Louis XIV, au moment où, grâce à lui, le ballet de cour est à son apogée. Ce « roi danseur » crée l’Académie royale de danse en 1661, au même titre que les Académies de sculpture et de peinture, élevant ainsi la danse au rang d’art majeur. Cette institution a pour rôle de « corriger les abus » et la médiocrité des danseurs professionnels qui paraissent désormais sur la scène des spectacles royaux. Un collège de « treize Anciens » est chargé « d’instruire touchant la manière de danser, et montrer tant les anciennes que les nouvelles danses qui auront été ou seront inventées par lesdits treize Anciens, en sorte que ceux qui s’en voudront instruire, se puissent rendre plus capables de montrer et éviter les abus et les mauvaises habitudes qu’ils pourraient avoir contractées » (selon une des lettres patentes du roi pour l’établissement de l’Académie royale de danse). On ne saurait être plus clair quant à la finalité de l’instruction et à la vision de la danse qui s’y trouve définie, avec ses valeurs d’excellence, de norme et de mesure.

Pierre Beauchamp (1631-1705), maître à danser de Louis XIV, est une figure essentielle de cette institution. Ce brillant danseur est nommé maître de ballet à l’Opéra de 1669 à 1687, avant de prendre la tête de l’Académie de danse à partir de 1680. C’est un fin théoricien et un remarquable pédagogue. Beauchamp établit les codes de la danse et invente un système d’écriture de la danse à la demande de Louis XIV, même s’il s’en fait voler la publication par son élève Raoul Auger Feuillet. C’est à Beauchamp, notamment, que l’on doit les cinq positions de base à partir desquelles la danse classique s’élabore encore aujourd’hui.

Néanmoins, en 1713, les fameux « abus et mauvaises habitudes » semblent avoir regagné du terrain. Pour y mettre fin, Louis XIV promulgue une série de décrets, dont celui du 11 janvier 1713 qui crée officiellement le Conservatoire de danse. Cette structure d’apprentissage est destinée à perfectionner le talent et la technique des artistes de l’Académie royale de musique et de danse.

Lors de sa création, cette école n’accueille pas d’enfants, même si quelques fils ou filles d’artistes y sont exceptionnellement acceptés. En revanche, elle signe définitivement la reconnaissance de la danse comme métier et marque l’exigence d’un entraînement régulier en soulignant la notion de progrès et d’effort. Elle a aussi le souci de « conserver » un style, ce qui implique une professionnalisation des enseignants, des maîtres à danser qui, peu à peu, deviendront maîtres de ballet ou professeurs. La gratuité d’origine de ce conservatoire facilitera la venue de talents étrangers et dotera les danseurs français d’une réputation européenne.

Ce n’est qu’en 1780 qu’un règlement (arrêt du roi du 17 mars) atteste l’entrée d’enfants dans cette école qui leur devient exclusivement consacrée. Il précise les points essentiels que Louis XIV avait voulus : gratuité, sélection à l’entrée, niveau professionnel des professeurs, frais et appointements. En 1784, Louis XVI fixe la durée des cours entre neuf et treize heures, et crée une classe pour les enfants de moins de douze ans. La Révolution française ne remet pas en cause l’école et porte même à soixante ses effectifs. Sous[...]

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Écrit par

  • : écrivaine, journaliste dans le domaine de la danse

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