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ÉCOLE FRANÇAISE DE ROME

Comme la plupart des autres grands établissements français à l'étranger, l'École française de Rome (E.F.R.) est une vieille dame à qui les réformes progressives, et particulièrement celles des années 1970-1975, ont permis d'épouser son temps. Née en 1875, par décret du ministre Henri Wallon, trente ans après l'École française d'Athènes, dans un climat de rivalité entre la France et l'Allemagne, elle s'est, dès sa fondation, établie au deuxième étage du palais Farnèse, au-dessus de l'ambassade de France ; le choix de ce siège prestigieux était à lui seul révélateur de la volonté de créer une institution qui fût la vitrine de la science française, face à la toute puissante érudition germanique. Le terme d'école ne doit pas en effet prêter à confusion : s'il évoque de nos jours une activité d'enseignement, il appartient ici au vocabulaire de l'Université du xixe siècle et désigne un institut de recherche.

De fait, l'école n'accueille pas des élèves mais des membres, jeunes savants que leurs travaux historiques ou archéologiques orientent vers l'Italie. L'esprit de ces chercheurs, qui ont su très tôt s'intégrer à la riche communauté scientifique, italienne et internationale, de Rome, n'a pas changé : ils veulent prendre de l'Italie « tout ce qu'ils peuvent », comme le leur recommandait jadis Mgr Duchesne qui fut longtemps directeur de l'école, conscients qu'ils sont de la chance insigne qui leur est offerte de se trouver pendant deux et plus souvent trois années au cœur du pays qui fut la matrice de l'Occident, et plus précisément dans cette Rome où, selon le mot de Freud comparant la Ville éternelle au subconscient humain, tout s'est déposé et rien ne s'est effacé.

D'abord accessible essentiellement, mais non exclusivement, aux antiquisants et aux médiévistes, l'E.F.R. a élargi son domaine d'activité en définissant, à l'initiative de Georges Vallet, trois sections, antique, médiévale, moderne et contemporaine ; cette dernière, qui sort largement du cadre traditionnel des études classiques, favorise l'ouverture disciplinaire de l'établissement, qui s'est concrétisée en 1992 par la création d'une sous-section de sciences sociales. Ainsi, depuis l'archéologie étrusque jusqu'aux structures de l'Italie contemporaine, en passant par les archives du Vatican ou celles de la Sicile normande ou angevine – pour ne citer que quelques-uns des centres d'intérêt des membres – c'est l'ensemble de l'histoire de la péninsule qui est abordé, comme le prouve la diversité des publications de l'E.F.R.

Les réformes qui donnent sa physionomie actuelle à l'établissement datent toutes des années 1970-1975. Elles s'articulent autour des faits suivants : l'achat, par Pierre Boyancé, d'une annexe, place Navone, à peu de distance du palais Farnèse, et donc toujours dans le cœur historique de la ville ; si la très importante bibliothèque de l'E.F.R. – l'une des plus riches d'Europe pour les sciences historiques – reste implantée dans les anciens locaux, l'acquisition de ce nouvel immeuble a permis, sous la direction de G. Vallet, l'ouverture de salles de conférence fonctionnelles, d'une cellule de publication, d'un laboratoire d'archéologie, d'un bureau d'architecture, d'une photothèque et d'un grand nombre de chambres réservées soit à des hôtes de passage (conférenciers, personnalités invitées à des colloques internationaux) soit, plus encore, à de jeunes boursiers. Car, et c'est là l'intérêt majeur de cette acquisition, l'E.F.R. s'ouvre dès lors à des boursiers qui, recrutés sur dossier, peuvent passer un mois ou davantage dans l'institution, qui leur assure l'accès non seulement à sa bibliothèque, mais à tous ses services, et leur permet de nouer de fécondes relations[...]

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Écrit par

  • : chaire de civilisation et archéologie romaines à l'Institut universitaire de France, université de Provence-Aix-Marseille-I

Classification

Autres références

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