ALEXANDRIE ÉCOLE MATHÉMATIQUE D'
Les débuts des travaux mathématiques des Alexandrins nous sont mal connus. Ils appartiennent à des mathématiciens déjà confirmés, recrutés par les deux premiers Ptolémées dans les divers centres scientifiques grecs. Ils sont donc directement rattachés aux travaux des savants du ive siècle avant J.-C., platoniciens, aristotéliciens, disciples d'Eudoxe, ou encore à ceux des pythagoriciens. Ils ont été surtout, au départ, une synthèse et une mise en ordre.
L'École a pris ensuite, et dès le début du iiie siècle, une personnalité propre. Elle est devenue le foyer principal des mathématiques grecques, qui ont fini par s'identifier avec elle. Surtout, elle a été le centre de recherche et d'enseignement qui eut la plus grande durée, à peu près continue jusqu'au début du ve siècle de notre ère.
Les générations
Il est de tradition de rattacher aux débuts de l'École le géomètre Euclide. Mais nous ne savons rien de positif sur ce savant qui est cité pour la première fois par Apollonios, vers la fin du iiie siècle avant J.-C. Il se pourrait aussi, sans certitude, que l'astronome Aristarque ait appartenu au milieu alexandrin. En tout cas son compatriote et contemporain Conon de Samos en fut un des ornements. C'est avec ce dernier, astronome et mathématicien, qu' Archimède a correspondu. Avant son décès, le grand savant de Syracuse envoya ses mémoires à Dosithée puis à Ératosthène. Rien ne permet cependant d'affirmer qu'Archimède ait étudié à Alexandrie. Tout au plus, si l'on en croit Diodore de Sicile, y aurait-il séjourné.
À la génération suivante, nous savons, par son propre témoignage, qu'Apollonios de Perge a vécu et travaillé dans la métropole des Ptolémées. Grâce à lui, quelques noms sont d'ailleurs sauvés de l'oubli : Naucrate, qui visita Alexandrie et auquel il remit une première édition de son traité des Coniques, Trasydée, pour lequel Conon écrivit un de ses ouvrages, Nicotelès, qui critiqua violemment ce travail de Conon. Il ne semble cependant pas qu'Apollonios ait toujours séjourné à Alexandrie ou qu'il y ait été bien en cour. Il dédie en effet ses Coniques à son collègue Eudème de Pergame, puis à Attale (peut-être le futur roi Attale II de Pergame).
Après Apollonios et son fils, nous trouvons à Alexandrie Hypsiclès qui nous parle de son père, contemporain d'Apollonios, de Basilidès de Tyr, qui rendit visite à ce père, et d'Aristée ; mais il serait difficile de savoir si les mathématiciens du iie siècle dont les noms, grâce à Pappus, nous sont conservés – Zénodore, Nikomédès, Dioklès, Persée, Dionysodore – ont ou non vécu à Alexandrie.
Nous rencontrons ensuite le grand nom d' Hipparque, qui se livra à des observations astronomiques à Rhodes et à Alexandrie entre 161 et 127 et qui se rattache au Musée, dont faisaient sans doute encore partie Théodose de Tripoli et Ménélaüs. Mais aucun doute n'est possible pour Ptolémée – observations astronomiques entre 125 et 141 de notre ère – Héron, Diophante, Pappus puis Théon d'Alexandrie et sa fille Hypatie, morte en 415.
Une des principales activités des géomètres alexandrins fut l'enseignement. Cet enseignement poursuivait, en gros, trois buts distincts : la formation d'ingénieurs et de mécaniciens ; la formation d'astronomes ; enfin celle de mathématiciens purs. D'où trois niveaux d'enseignement sur lesquels il nous reste heureusement des documents incontestables.
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Écrit par
- Jean ITARD : agrégé de l'Université, membre correspondant de l'Académie internationale d'histoire des sciences
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