ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DES BEAUX-ARTS, Paris
La Révolution française réunit dans une « école spéciale », qui porte aujourd’hui le nom d’École nationale supérieure des beaux-arts (É.N.S.B.A), les écoles de l'Académie royale de peinture et de sculpture, fondée en 1648 au début du règne de Louis XIV, et de l'Académie royale d'architecture, fondée en 1671. Son histoire administrative, sa doctrine et son influence trouvent leur logique dans la volonté des fondateurs, autour du peintre Charles Le Brun, d'asseoir l'éducation des artistes sur des principes et des pratiques qui se maintiennent durablement.
Administration et politique
La Convention nationale supprime les Académies en 1793, tout en conservant leurs écoles. Sous la Restauration, en 1819, une ordonnance royale fixe les règlements qui placent l’École sous le contrôle de l'État et le grand prix de Rome sous l’autorité de l'Institut (qui regroupe cinq académies, dont l’Académie des beaux-arts).
Les élèves de l'Ancien Régime (uniquement des hommes) sont inscrits sur simple recommandation – l'École s'ouvre aux femmes en 1897, précédant les autres institutions de l'enseignement supérieur. Dès 1664, la pratique du concours est introduite pour le grand prix ; ce concours est récompensé par un séjour d’étude à Rome et garanti par l'anonymat des épreuves. De 1817 à 1863, les peintres et sculpteurs sont admis à la suite d’un concours de dessin ou de figure modelée. L'élève architecte suit une progression plus rigoureuse, en deux classes, selon ses compétences en mathématiques et construction.
Après la réforme de 1864, qui vise à mettre fin à la toute-puissance de l'Académie, le concours d'admission inclut des épreuves théoriques, qui seront simplifiées au xxe siècle. En 1948, un enseignement préparatoire de deux ans est créé, obligatoire avant le concours d'admission et le diplôme supérieur d'arts plastiques. Après 1945, par ses commandes aux artistes, l'État se montre plus ouvert aux courants modernes que l’École elle-même, qui applique un contrôle sévère, même si les professeurs sont souvent des esprits tolérants. Les événements de mai 1968 entraînent, sous le ministère d’André Malraux, la fin de l’École académique et le départ de la section d'architecture (70 p. 100 des élèves), laquelle est redistribuée sur le territoire français en unités pédagogiques d’architecture, devenues ensuite les Écoles nationales supérieures d’architecture. Depuis les années 1990, l'École recrute ses élèves en recourant à une double sélection : sur dossier puis sur concours. Des unités de valeur sanctionnent les études suivies ; le diplôme est attribué sur présentation d'une œuvre, qui ne relève pas nécessairement des beaux-arts.
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Écrit par
- Emmanuel SCHWARTZ : conservateur du patrimoine à École nationale supérieure des beaux-arts, Paris
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