ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DES BEAUX-ARTS, Paris
La méthode académique
Les fondateurs de 1648 jugent le dessin du nu masculin, d’après l’antique ou sur un modèle vivant, seul apte à former à la représentation des grandes actions humaines. Cet enseignement pratique est complété par des cours théoriques de perspective, d’anatomie et d’histoire. Différents concours (Tête d'expression créé en 1759 et Torse en 1774) servent cette ambition et préparent à celui du grand prix. Au xixe siècle, l'enseignement en peinture est durablement marqué par l'autorité du théoricien Quatremère de Quincy, du peintre Louis David – qui refuse d'être nommé professeur dans l'École mais qui y exerce une influence immense – et de Dominique Ingres, qui est précisément un élève de David. Ces personnalités imposent le styleacadémique, dérivé du néo-classicisme. Cependant, les concours d'esquisses autorisent une certaine liberté de touche. Les futurs romantiques (Eugène Delacroix) et impressionnistes (Edgar Degas, Auguste Renoir) commencent leur carrière à l’École. Paul Cézanne et Auguste Rodin sont refusés. Les grands sculpteurs romantiques (Jean-Baptiste Carpeaux, Antoine Louis Barye), les architectes de Paris, dont Francis Garnier, triomphent dans les grands prix, en servant avec sincérité et imagination les modèles antiques.
Sous le gouvernement impérial de Napoléon III, la réforme de 1863 crée, à l’intérieur de l’École, des ateliers confiés à des artistes, ainsi qu’une bibliothèque. Si l'enseignement des trois arts, apparu en 1883, associant peinture, sculpture et architecture, coupe encore plus les peintres des mouvements novateurs, Gustave Moreau, nommé chef d'atelier en 1892, n’en met pas moins Henri Matisse, Albert Marquet et Georges Rouault sur la voie de la peinture moderne. Aujourd'hui, les disciplines nouvelles, les « arts plastiques » (performances, installations, photographie, vidéo), séduisent de plus en plus d'élèves.
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Écrit par
- Emmanuel SCHWARTZ : conservateur du patrimoine à École nationale supérieure des beaux-arts, Paris
Classification
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