Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

NÉO-PLATONICIENNE D'ATHÈNES ÉCOLE

Une théologie platonicienne

Mais cette étude approfondie de Platon a été tout entière orientée vers la constitution d'une théologie païenne systématique. Cette théologie s'appuie sur une exégèse des hypothèses du Parménide par Syrianus, qui consiste à établir une correspondance entre les négations de la première hypothèse et les affirmations de la deuxième, et à lire dans la première hypothèse la théologie négative du premier dieu (l'Un), dans la deuxième l'ordre des propriétés successives qui constituent la hiérarchie des dieux. Il suffira ensuite d'identifier ces entités métaphysiques avec les dieux du panthéon grec pour obtenir la Théologie platonicienne. C'est le titre du grand ouvrage de Proclus : il exprime l'ambition de toute l'école.

Pour assurer les fondements métaphysiques rigoureux de cette théologie, Proclus compose des Éléments de théologie, qui, à la manière des Éléments d'Euclide, établissent par un enchaînement continu la suite des principes de cette théologie. Cette forme axiomatique est elle aussi une forme littéraire nouvelle en philosophie, et sera promise à une belle fortune jusqu'à Spinoza. Elle est la base de cette Théologie platonicienne que Proclus lui-même résume ainsi : « Je diviserai ce traité en trois parties. Au début, je ferai la collection de toutes les notions générales relatives aux dieux et j'examinerai la signification et la valeur des propositions fondamentales pour chaque degré de la hiérarchie ; au milieu du traité, j'énumérerai tous les degrés de la hiérarchie divine, je définirai leurs attributs propres et leurs processions, et je ramènerai tout aux principes fondamentaux élaborés par les théologiens ; à la fin, je traiterai des dieux, tant hypercosmiques qu'encosmiques, qui ont été célébrés d'une manière dispersée dans les écrits de Platon, et je rapporterai leur étude aux classes universelles de la hiérarchie divine. » Ainsi est élaborée par Proclus la hiérarchie des dieux qui comprend neuf degrés : l'Un, premier dieu ; les hénades ; les dieux intelligibles ; les dieux intelligibles-intellectifs ; les dieux intellectifs ; les dieux hypercosmiques ; les dieux encosmiques ; les âmes universelles ; les anges, démons et héros.

Une importante évolution devait se dessiner ensuite à l'intérieur de l'école avec Damascius. Ce dernier refusait de nommer Un le premier dieu, et par là il niait qu'il soit possible de penser et de nommer le principe premier. Au-dessus de l'Un, il voulait remonter à l'Indicible. C'est la thèse antiproclienne qu'il expose tout au long de son traité Sur les principes. Par là, Damascius se présente comme le fondateur des théologies de la connaissance non objective de Dieu.

Cette extraordinaire création de la théologie systématique païenne dans l'école d'Athènes fut aussi l'occasion de sa chute. La réussite de cette entreprise posait en effet la théologie athénienne comme une rivale de la théologie chrétienne. Les compromissions avec la magie et l'astrologie des adeptes de cette théologie païenne devaient la rendre tout à fait suspecte. Ce fut la raison pour laquelle l'empereur Justinien décida finalement de fermer purement et simplement l'école d'Athènes en 529. Les philosophes de l'école s'exilèrent en Perse pendant plusieurs années et ne reprirent jamais l'enseignement à Athènes. C'est, semble-t-il, à titre privé que Simplicius, le dernier représentant de cette école, écrivit à son retour de Perse ses grands commentaires sur Aristote, qui sont toujours remplis de la doctrine théologique néo-platonicienne, création de Proclus et de Damascius.

Toutefois, le bénéfice de la rigueur métaphysique en théologie ne fut pas entièrement perdu pour la pensée chrétienne. Dépendant[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Autres références

  • ALEXANDRIE ÉCOLE PHILOSOPHIQUE D'

    • Écrit par
    • 2 186 mots
    Tous ces philosophes ont en commun divers caractères. Tout Alexandrins qu'ils sont, ils entretiennent d'étroites relations avec l'école d'Athènes ; plusieurs d'entre eux ont été formés à Athènes ; plusieurs maîtres athéniens, Damascius, Simplicius, ont étudié à Alexandrie....
  • ANTIQUITÉ - Naissance de la philosophie

    • Écrit par
    • 11 137 mots
    • 8 médias
    ...dualisme bien-pensant, teinté de religiosité, qui oppose la matière, source du mal, et le principe du bien. D'un autre niveau est la philosophie de Plotin (204-270), qui, né en Égypte, formé à Alexandrie, a enseigné à Rome après un voyage en Orient. On a pu le croire influencé par les religions orientales,...
  • DAMASCIUS (470 env.-env. 544)

    • Écrit par
    • 364 mots

    Dernier successeur de Platon à la tête de l'Académie, au moment de la fermeture de l'école d'Athènes par Justinien en 529. La critique la plus récente a rendu, à juste titre, au philosophe néo-platonicien qu'est Damascius la paternité de plusieurs ouvrages : nous sommes sûrs maintenant...

  • NÉO-PLATONISME

    • Écrit par
    • 2 993 mots
    Ce qui caractérise l'école néo-platonicienne, on l'a dit, c'est qu'elle construit son système en déroulant le jeu dialectique du Parménide. Non que les néo-platoniciens tiennent leur vision du monde de cet unique dialogue. Ils puisent dans l'œuvre entière de Platon ; ils retiennent...