SIENNOISE ÉCOLE
Du XIVe au XIXe siècle
Les frères Lorenzetti moururent probablement tous les deux durant la peste de 1348 et leur disparition mit fin à la période la plus éclatante de l'école siennoise de peinture. Nombreux furent toutefois les artistes qui, pendant tout le xive siècle, reprirent et répandirent sous des formes originales les expériences et les réussites de ces deux maîtres, alors que d'autres se rattachèrent plutôt à Duccio et à Martini. Parmi les derniers, Barna, auteur vers le milieu du siècle des Histoires du Nouveau Testament dans la collégiale de San Geminiano, combina en cette œuvre, avec une vigueur dramatique et une franchise presque vulgaire, les modèles iconographiques de Duccio et la typologie de Martini : dans le courant marqué plus particulièrement par l'influence de ce dernier, il convient de citer, outre Lippo Memmi, qu'on a déjà rencontré, Niccolò di Ser Sozzo Teggliaci, qui fut même le meilleur enlumineur siennois du xive siècle, Naddo Ceccarelli et Andrea Vanni, lequel peignit jusque dans la deuxième décennie du xve siècle. Le plus grand disciple de Pietro Lorenzetti fut Lippo Vanni, auteur notamment d'une belle série de fresques dans l'église de l'Ermitage de San Leonardo al Lago (vers 1360) ; à Ambrogio, en revanche, se rattache Bartolo di Fredi (1330 env.-1410), illustrateur fécond et plein d'entrain. Luca di Tommè, Paolo di Giovanni Fei, Niccolò di Buonaccorso, Francesco di Vannuccio, Andrea di Bartolo et Martino di Bartolommeo furent les meilleurs continuateurs de la tradition héritée des Lorenzetti, que Taddeo di Bartolo (1362 env.-1422), la reprenant aux origines mais non sans un certain académisme, répandit dans un rayon très étendu, de Pise à la Ligurie, à l'Ombrie et jusqu'en Sicile. Un souffle nouveau fit irruption dans la peinture siennoise avec Stefano di Giovanni, dit Sassetta (1390 env.-1450), qui ne fut pas seulement le fabuleux évocateur de la légende franciscaine dans son polyptyque pour Borgo San Sepolcro (1437-1444), son œuvre la plus célèbre, aujourd'hui dispersée, mais aussi un interprète attentif et pénétrant, quoique d'une originalité capricieuse, des innovations révolutionnaires de Masaccio et de Brunelleschi, ainsi que du gothique « courtois » de Masolino. D'un style proche de Sassetta, qui fut le plus grand peintre siennois du xve siècle, mais plus archaïsant, celui qu'on désigne du nom de « Maître de l'observance » et que certains ont coutume à tort d'assimiler à Sano di Pietro (1406-1481), plus conservateur, a laissé une très féconde production de polyptyques et de Vierges aux allures de poupées.
Fortement attaché au goût gothique, tel fut encore, au cours de sa longue et laborieuse existence, Giovanni di Paolo (1399-1482), dont la ligne frémissante et nerveuse le conduit souvent à des solutions de caractère hardiment expressionniste. Marqués, quoique de manière et avec des succès divers, par la nouvelle culture florentine sont, en revanche, Pietro di Giovanni d'Ambriogio (1410-1449), connu surtout par ses images ascétiques de Saint Bernardin, et Domenico di Bartolo, dont on suit l'activité de 1428 à 1437 et à qui l'on doit, entre autres, une très intéressante série de fresques illustrant la vie d'un hôpital du temps (dans le Pellegrinaio de l'hôpital de Santa Maria della Scala à Sienne, 1440-1444). Avec Lorenzo di Pietro, dit Vecchietta, dont l'activité artistique commença en 1428 et qui mourut en 1480, s'achève, en un certain sens, le premier Quattrocento siennois ; il fut, d'ailleurs, un excellent sculpteur dans la mouvance et le style de Donatello, tandis que son œuvre picturale comporte encore des traits gothiques, sans que pour autant il puisse être regardé comme un retardataire. À son école se sont formés les peintres les plus connus qui travaillèrent[...]
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Écrit par
- Enzo CARLI : professeur à l'université de Sienne, ancien surintendant aux Beaux-Arts de Sienne et Grosseto
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Médias
Autres références
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