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ÉCOLOGIE ET SOCIÉTÉ

Vers une écologie de la santé

Moustique <em>Aedes albopictus</em> - crédits : Imaz Press/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Moustique Aedes albopictus

Pour terminer, un troisième foyer de cristallisation que symbolise au mieux le terme écomédecine est l'écologie de la santé. De fait, la prise en compte des changements environnementaux et de leurs conséquences sur la santé humaine a ouvert de nouvelles perspectives tant pour l'épidémiologie et la médecine que pour l'écologie. Pour caractériser cette rupture, l'écologue français Jean-François Guégan et ses collègues (2007) en appellent au recours à un nouvel instrument d'exploration, complémentaire du classique microscope : le macroscope (concept créé par Joël de Rosnay). Il s'agit, en effet, de baser l'analyse des problèmes de santé sur une approche plus large, globale, écologique pour tout dire. L'écologie de la santé est née, nous annoncent-ils. À tout le moins, c'est une nouvelle façon de penser qui s'impose, baptisée conservation medecine dans les pays anglophones et que Jean-François Guégan préfère appeler écomédecine. L'originalité de cette école de pensée est d'élargir le champ d'analyse, classiquement centré sur la santé humaine, pour considérer à la fois les modifications des écosystèmes, les problèmes de pathologie animale et la santé humaine, avec toutes leurs interactions directes et indirectes (fig. 4). On sait en effet que de très nombreuses maladies infectieuses, notamment celles qui dépendent d'un vecteur animal (tique, mouche tsé-tsé, moustique) pour être transmises ou d'un réservoir (population de rongeurs, animal domestique) pour être maintenues présentes, sont aussi tributaires des conditions environnementales qui influencent leurs vecteurs et réservoirs. Il suffit de conditions météorologiques (fortes pluies) ou écologiques (transformation des paysages, déforestation, élimination d'un prédateur) favorables pour que telle ou telle espèce de rongeurs se mette à pulluler et déclencher, au contact de populations humaines, une épidémie de fièvre à hantavirus comme c'est le cas fréquemment en Amérique du Sud. Ailleurs, à la suite d'une prolifération de tiques, c'est une recrudescence de la maladie de Lyme que l'on enregistre.

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie, directeur du département écologie et gestion de la biodiversité, Muséum national d'histoire naturelle, Paris

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Médias

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