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ÉCOLOGIE ET SOCIÉTÉ

Réconcilier l'homme et la biosphère

En ce début du IIIe millénaire, une révolution écologique prend forme. Tout semble le confirmer : le succès du préfixe « éco », qui touche tous les secteurs d'activités des sociétés industrielles, la montée en puissance de l'écologie ou, plutôt, des sciences écologiques comme des mouvements écologiques, l'émergence de nouvelles disciplines marquées par des approches écologiques pour définir et atteindre leurs objectifs... De là à parler d'écologie de la réconciliation, à y voir une science (celle qui « crée, établit et maintient de nouveaux habitats pour conserver la diversité spécifique dans des espaces où les gens vivent, travaillent et s'amusent »), comme le prône l'écologue américain Michael Rosenzweig, il y a un pas. Mais la nécessité de reconnaître la nature comme une composante clé de notre avenir, donc l'impératif d'en respecter les besoins, semble s'imposer : tous les défis auxquels le monde doit faire face, pour assurer une qualité de vie durable de génération en génération, paraissent l'exiger (M.E.A., 2005).

Une telle « écologisation » du monde ne saurait se confondre avec ce retour à l'âge des cavernes que d'aucuns raillent pour empêcher la mise en œuvre des changements et les adaptations nécessaires. Mais c'est là une vieille histoire qui accompagne l'expansion de la civilisation industrielle (Boy, 1999). Est ainsi évité le piège de l'alternative pour ou contre le progrès, celui-ci étant assimilé au développement scientifique et technique. Et l'opposition périmée nature/culture.

Au fait, d'où est venue l'exclusion de la nature dans la construction progressive de notre civilisation techno-industrielle ? Probablement de la dynamique même qui a permis à cette dernière de s'imposer. L'émergence de l'écologie comme science a pu être interprétée comme l'expression d'une réponse aux inquiétudes provoquées par la révolution industrielle et l'oppression de la nature qu'elle portait en germe. On pourrait dire que la nature, c'est le refoulé de la pensée industrielle. Ce serait donc à un retour du refoulé que l'on assiste avec la révolution écologique qui tente de s'accomplir. Un refoulé qui, venant au jour et pénétrant les consciences, devrait enrichir et rééquilibrer le progrès apporté par les sciences et les développements technologiques pour mieux répondre aux défis qui nous sont posés. L'enjeu : une civilisation écologique qui seule peut nous permettre d'entrer dans l'ère d'un développement durable. Et cela passe nécessairement par une réconciliation entre l'homme et la nature.

— Robert BARBAULT

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie, directeur du département écologie et gestion de la biodiversité, Muséum national d'histoire naturelle, Paris

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Marché au poissons, Tōkyō - crédits : Glowimages/ Getty Images

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Déforestation à Guiroutou, Côte d'Ivoire - crédits : P. Poilecot/ CIRAD

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