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ÉCOLOGIE ET SOCIÉTÉ

Sauver la biodiversité

Le fer de lance de cette structuration disciplinaire est la biologie de la conservation. Cette dernière, qui est une réponse de la communauté scientifique à la crise de la biodiversité, est mal nommée parce que sa vocation est largement et explicitement pluridisciplinaire. En effet, elle applique (et développe) les connaissances et les principes de l'écologie, de la biogéographie, de la génétique, de l'anthropologie, de l'économie, de la sociologie, du droit... au maintien de la biodiversité sur l'ensemble de la planète. En outre, même si la constellation de chercheurs qui ont contribué au développement de cette science (en majorité des biologistes des populations) se différencie de celle qui a milité en faveur de l'écologie de la restauration (en majorité des spécialistes des écosystèmes), force est de reconnaître que les objectifs de la première supposent la mobilisation des connaissances et des techniques de la seconde. De fait, c'est généralement la dégradation des milieux qui entraîne l'effondrement de la biodiversité : la restauration de ces derniers est donc une condition du succès des tentatives de renforcement de populations déclinantes ou de réintroduction d'espèces éteintes.

Agir sur la nature en s'inspirant de « ses » règles : c'est ce qu'entend promouvoir l'ingénierie écologique(cf. infra). On y reviendra, mais auparavant il est utile de rappeler une initiative originale, développée dans les années 1980 par les promoteurs de la biodiversité, qui représente une des voies possibles de la réintégration des sociétés humaines : le programme sur l'homme et la biosphère de l'UNESCO ou programme MAB (Man and Biosphere).

En 1971, un groupe de travail de ce programme lance l'idée de réserve de la biosphère. L'originalité du concept, par rapport à l'idée classique de réserve naturelle et à la philosophie qui prévalait à l'époque en matière de protection de la nature, est de prendre en compte simultanément les objectifs de conservation et les besoins de développement des populations humaines. L'idée d'éco-développement allait alors s'imposer, près de trente ans avant l'émergence du concept de développement durable.

À cette époque, les réserves classiques étaient définies par rapport à la nature – une nature où il est souhaité que l'homme ne mette ni la main ni le pied. Les réserves de la biosphère, au contraire, partent d'interrogations et de réflexions sur les relations entre les sociétés humaines et leur environnement naturel. Elles sont conçues pour répondre à la question devenue cruciale aujourd'hui : comment concilier les impératifs de conservation de la biodiversité avec les besoins des sociétés humaines ?

Réserve de biosphère du mont Ventoux - crédits : P. Aguilar/ SMAEMV

Réserve de biosphère du mont Ventoux

Les réserves de biosphère sont des projets de gestion et de développement de territoires partiellement habités et exploités par des collectivités humaines. Elles doivent être validées par l'UNESCO pour être intégrées dans le réseau mondial des réserves de biosphère. En 2016, ce dernier rassemblait 669 réserves réparties dans 120 pays. Quatorze sont implantées en France : Archipel de Fakarava (Polynésie, 1977), Camargue (delta du Rhône, 1977), Vallée du Fango (Corse, 1977), Cévennes (1985), mer d'Iroise (1988), mont Ventoux (1990), Archipel de la Guadeloupe (1992), Luberon (1997), Vosges du Nord-Pfälzerwald (réserve transfrontalière avec l’Allemagne, 1998), Pays de Fontainebleau (1998), bassin de la Dordogne (2012), Mont Viso (réserve transfrontalière avec l’Italie, 2013), marais audomarois (2013) et gorges du Gardon (2015).

Chaque réserve de la biosphère est conçue pour remplir trois fonctions fondamentales complémentaires :

– une fonction de conservation, pour assurer la sauvegarde des paysages, des écosystèmes et de la biodiversité[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie, directeur du département écologie et gestion de la biodiversité, Muséum national d'histoire naturelle, Paris

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Médias

Marché au poissons, Tōkyō - crédits : Glowimages/ Getty Images

Marché au poissons, Tōkyō

Déforestation à Guiroutou, Côte d'Ivoire - crédits : P. Poilecot/ CIRAD

Déforestation à Guiroutou, Côte d'Ivoire

Réserve de biosphère du mont Ventoux - crédits : P. Aguilar/ SMAEMV

Réserve de biosphère du mont Ventoux