ÉCONOMIE CIRCULAIRE
Les principes opérationnels de l’économie circulaire
Cette visée de préservation des écosystèmes se décline en principes opérationnels à mettre en œuvre de façon hiérarchisée. Ce cadre hiérarchique – inspiré de la gestion des déchets – est souvent résumé en une série de « R » (réduire, réparer, réutiliser, recycler) dans un ordre de préférence correspondant à l’impact environnemental : il s’agit d’abord de réduire les déchets et le gaspillage, puis d’étendre la durée de vie des produits grâce à la réparation ou au réemploi, puis en dernier recours de valoriser les matières par le recyclage.
Optimiser l’usage des produits et des matières
Les modèles circulaires visent à découpler la croissance économique des ressources naturelles, en favorisant le réemploi et la réparation, de façon à accroître le « rendement des ressources ». L'accès à un bien ou son usage y sont favorisés plus que sa propriété, à l’instar des modèles commerciaux favorisant la location plutôt que l’achat, pour des voitures, des pneus, des moteurs mais aussi pour des vêtements ou des appareils électroménagers. Depuis 2013, une marque hollandaise propose ainsi des jeans en location : au bout d’un an, les consommateurs peuvent échanger les jeans qu’ils ont loués contre une autre paire, les rendre pour qu’ils soient recyclés, ou les garder avec un contrat incluant un service de réparation gratuit et illimité. En privilégiant l’usage et le recyclage plutôt que la propriété et le stockage des biens, ce type de modèle invite le consommateur à adopter un « état d’esprit circulaire ». L’optimisation de l’usage des ressources implique de concevoir les produits selon cette visée et, pour les produits qui le nécessitent, de stocker des pièces de rechange pour pouvoir les distribuer et les réparer dans la durée. Ainsi, pour pouvoir réparer intégralement 75 p. 100 de ses produits, une entreprise d’électroménager française maintient en stock 6 000 pièces de rechange. L'aérospatiale, le transport maritime, l’imprimerie ou la défense adoptent ces modèles fondés sur l’accès parce qu’ils sont adaptés à leur industrie, où la valeur ajoutée résiduelle des anciens produits est encore élevée et où la refabrication est rentable.
Dans certains secteurs, le réemploi permet de faire face à la pénurie des ressources tout en faisant des économies importantes. La dépendance de l'industrie automobile vis-à-vis des matières premières et de certains métaux, rares ou non, constitue un obstacle majeur et présente des défis hautement stratégiques pour la gestion de l'approvisionnement. Outre les pénuries et les problèmes d'approvisionnement en métaux, l'augmentation de la demande mondiale de matières premières a entraîné des hausses de prix. En parallèle, 12 millions de véhicules sont retirés de la circulation chaque année dans l'Union européenne, ce qui constitue en fait une ressource précieuse si elle est recyclée. Tout en étant 30 à 50 p. 100 moins chères, les pièces réusinées ont la même garantie et sont soumises aux mêmes tests de contrôle de qualité que les pièces neuves. Dans le secteur du bâtiment, le choix de rénover plutôt que de détruire et de reconstruire permet aussi de réduire la consommation de sable – matériau très recherché au niveau mondial – et d’énergie, ce qui revient à une limitation des émissions de l’ordre de 15 p. 100. Dans le même esprit, une stratégie circulaire mise en œuvre sur vingt-cinq ans a permis à un fabriquant de revêtement de sol de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 96 p. 100, sa consommation d’eau de 88 p. 100, tout en augmentant de 88 p. 100 son utilisation d’énergies renouvelables et de 56 p. 100 la part de matériaux recyclés ou biosourcés (c’est-à-dire issus de matières premières renouvelables et non fossiles) utilisés dans les produits. Cette réduction de l’impact environnemental[...]
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Écrit par
- Cécile EZVAN : docteure en philosophie, diplômée de l'École supérieure de commerce de Paris, chercheuse associée à l'ESCP Business School (chaire économie circulaire)
Classification
Médias
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