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ÉCONOMIE (Définition et nature) Enseignement de l'économie

L'institutionnalisation de la recherche en économie

La Libération est l'occasion de remettre le système d'enseignement à plat. François Perroux a créé, en 1944, le premier centre de recherche à part entière en économie, l'Institut scientifique d'économie appliquée (I.S.E.A.), qu'il transforme ensuite en I.S.M.É.A., le « M » signifiant mathématique, comme pour insister sur la nécessité d'introduire systématiquement les mathématiques dans toute approche économique. Cette volonté correspond à une nécessité pratique de recours à des mécanismes mathématiques. La révolution keynésienne a fait de l'État le garant de la santé économique du pays. L'économie cesse d'être la description de mécanismes harmonieux conduisant automatiquement à l'équilibre, notamment de plein emploi. L'économiste ne doit plus se contenter d'observer mais bel et bien de proposer des mesures de politique économique. Pour accomplir sa tâche, il a besoin de prévoir les conséquences de ces mesures et donc de construire des représentations mathématiques de l'économie. Les mathématiques, l'économétrie et les statistiques deviennent les principaux outils de la formalisation des idées économiques. L'enseignement de l'économie est dès lors obligé d'intégrer cette évolution et de s'éloigner, notamment dans le monde universitaire, du moule juridique originel. Pourtant, malgré le constat de cette nécessaire adaptation, la triple filière subsiste. La création de l'École nationale d'administration à la fin de la Seconde Guerre mondiale crée un étage supplémentaire par rapport à Sciences po dans le cursus de formation des hauts fonctionnaires. L'enseignement de l'économie y est confié, pour les premières promotions, à Pierre Mendès France, certes ancien ministre des Finances et auteur d'une thèse sur la stabilisation du franc, mais très éloigné dans ses préoccupations et dans sa culture de la formalisation mathématique qui est alors en train de se mettre en place, notamment comme standard de travail des bureaucraties économiques internationales, type F.M.I. ou Banque mondiale. De même, François Perroux, devenu professeur au Collège de France et surtout responsable de l'agrégation de sciences économiques à partir de 1955, maintient une approche de l'économie plutôt littéraire. Supervisant l'élaboration des programmes, il essaie de maintenir un équilibre entre ceux qui veulent donner un rôle déterminant à l'écriture des modèles et ceux qui développent une approche beaucoup plus politique et idéologique. Il évite en particulier de heurter les compagnons de route du Parti communiste, très nombreux dans l'Université française où l'on voit fleurir des cours de marxisme et de planification socialiste vantant les résultats de l'U.R.S.S. Enfin, la filière ingénieur a été consolidée par la création de l'I.N.S.E.E. en 1946 et ensuite de l'École nationale de la statistique et de l'administration économique (E.N.S.A.E.). Recrutant l'essentiel de ses cadres dirigeants à l'École polytechnique, l'I.N.S.E.E. à travers le corps des administrateurs, a créé un groupe d'économistes mathématiciens se rapprochant des économistes formés dans les universités américaines ou britanniques. La figure de proue de cette filière est Maurice Allais. Polytechnicien-ingénieur des mines, il enseigne à l'École des mines. Sa démarche est consolidée par l'obtention du prix Nobel en 1988. Un autre polytechnicien, Edmond Malinvaud, ancien directeur général de l'I.N.S.E.E., devient professeur au Collège de France en 1988, confirmant ainsi l'importance prise par l'I.N.S.E.E. et l'E.N.S.A.E. dans la formation des économistes français. La situation générale reste celle de la fin du [...]

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