ÉCONOMIE (Définition et nature) Une science trop humaine ?
Économie et mathématiques
Les ouvrages d'économie et les revues académiques ne peuvent qu'impressionner par la place qu'y occupent les mathématiques, parfois très complexes ; les économistes sont probablement, avec les physiciens, les plus gros utilisateurs de mathématiques avancées. Il y a là de quoi surprendre : les mathématiques étant synonymes de rigueur et de précision, comment expliquer qu'elles jouent un tel rôle en économie, où règne plutôt un certain flou ? L'existence même de ce flou fournit une réponse probable : le monde économique et social étant particulièrement difficile à saisir, à réduire à quelques lois simples, la tentation est grande de le fuir en se réfugiant dans des mondes fictifs, des modèles n'ayant guère à voir avec ce que nous pouvons observer (notamment, en ce qui concerne la forme d'organisation sociale), mais qui se prêtent bien à des développements mathématiques sans fin. Il est d'ailleurs symptomatique de constater que, parmi les revues académiques réputées, ce sont celles d'économie qui, de loin, comportent la plus forte proportion d'articles purement théoriques, avec beaucoup de mathématiques mais aucune donnée concrète (cela arrive aussi en physique théorique, mais bien moins). Certains économistes – parmi les plus célèbres, et ayant parfois bâti leur carrière sur leur savoir-faire mathématique – déplorent d'ailleurs cet état de fait. Citons, pour s'en tenir à des Prix Nobel, Wassily Leontief, John Hicks, Paul Samuelson, Robert Solow, ou encore Joseph Stiglitz. Mais comme en même temps le recrutement des enseignants et des chercheurs accorde une place de choix à ceux qui font prévaloir (notamment dans leurs publications) leur bonne formation en mathématiques, la situation perdure – ou s'aggrave. Par ailleurs, en voulant affirmer sa scientificité, une telle démarche risque de produire un résultat opposé, en entretenant l'idée que les économistes sont des charlatans et des pédants qui cherchent à impressionner avec leurs formules alors que les prévisions, qui en résultent, laissent pour le moins à désirer.
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Écrit par
- Bernard GUERRIEN : maître de conférences à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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- Écrit par Geoffroy CAUDE
- 3 979 mots
- 8 médias
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