Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ÉCONOMIE (Histoire de la pensée économique) Économie des conventions

Une économie de la pluralité

Interpréter la règle par une représentation du collectif consiste à évaluer le problème de coordination ou de coopération et à porter un jugement sur l'autre, sur la situation, et sur soi-même dans la situation. Comme il n'y a pas qu'une seule façon de juger mais plusieurs, on ne peut plus se contenter d'une définition univoque et réductrice de l'individu, cantonné à un statut de calculateur opportuniste. Cette conception de l'individu, développée par les approches standards en économie (théorie néo-classique) n'est pas seulement une fiction théorique, c'est aussi un obstacle méthodologique à l'affirmation d'une économie de la pluralité. L'économie des conventions cherche à dépasser cette posture, qui n'est pas neutre car elle oriente la façon de résoudre les problèmes économiques en s'adressant prioritairement aux intérêts égoïstes des individus.

L'accent mis sur une rationalité interprétative permet de contester la réduction de l'individu à un « idiot rationnel » (selon l'expression d'Amartya Sen) sans nier l'existence de comportements intéressés. Aussi, l'économie des conventions plaide pour un modèle où les motivations opportunistes sont bien présentes mais ne rendent pas compte, dans son intégralité, du comportement humain en interaction sociale. À l'exclusivité de l'intérêt personnel, l'économie des conventions substitue la diversité des façons de juger que l'on peut identifier notamment quand les individus sont face à une critique et en position de justifier leur comportement, comme le souligne la sociologie de la critique développée par Luc Boltanski et Laurent Thévenot (De la justification. Les économies de la grandeur, 1991), d'une part, et Luc Boltanski et Ève Chiapello (Le Nouvel Esprit du capitalisme, 1999), d'autre part.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : maître de conférences en sciences économiques à l'université de Paris-X-Nanterre

Classification

Autres références

  • MARITIMISATION DE L'ÉCONOMIE

    • Écrit par
    • 3 979 mots
    • 8 médias

    Depuis l’Antiquité, la voie maritime a permis aux navigateurs de commercer en transportant dans leurs navires des quantités de marchandises très supérieures à celles que permettaient les voies terrestres – ainsi, les Égyptiens, qui allaient jusqu’à Sumatra quelque 1200 ans avant notre ère ou, plus...