- 1. Les classiques au sens de Marx et au sens de Keynes
- 2. La conception classique de la rareté et du capital
- 3. Le travail salarié
- 4. L'égalisation des taux de profit
- 5. La théorie de la rente différentielle
- 6. La mesure invariable des valeurs et la relation entre salaire et profit
- 7. La question des crises économiques
- 8. Une problématique unifiée ?
- 9. Bibliographie
ÉCONOMIE (Histoire de la pensée économique) L'école classique
La conception classique de la rareté et du capital
La conception classique de la rareté est énoncée dès les premières pages des Principes de l'économie politique et de l'impôt (On the Principles of Political Economy and Taxation, 1817). Les marchandises ne sont rares que dans la mesure où les moyens de les produire le sont. Autrement dit, si nous sommes aussi pauvres que nous le sommes, c'est parce que les moyens de produire les biens indispensables et agréables (necessaries and conveniencies) qui constituent la richesse, le sont. Ces moyens de production sont constitués par les matières premières, les outils et aussi par les biens destinés aux travailleurs (biens salaires).
Traditionnellement, il est supposé que les moyens de production ainsi définis sont avancés en début de la période de production et transformés en marchandises. Cette notion, qui remonte au moins à Quesnay, est désignée par les classiques sous le terme de capital, puisque ces avances ne seront pas consenties à moins de rapporter un profit.
Dès lors, les prix des marchandises seront d'autant plus élevés qu'elles seront plus difficiles à produire, qu'elles utiliseront plus de moyens de production. Deux marchandises qui ont la même valeur sont donc deux marchandises aussi difficiles à produire l'une que l'autre. Il serait tentant d'écrire qu'elles nécessitent la même quantité de capital pour être produites. Robert Torrens n'échappera pas à cette tentation, à laquelle résiste Ricardo.
En effet, les classiques se refusent en général à considérer le capital comme une quantité physique, c'est-à-dire comme une grandeur qui pourrait être pensée indépendamment des prix. Le capital désigne, certes, les moyens de production mais en tant qu'ils sont mis en œuvre afin de rapporter un profit maximum. Le capital est donc non pas une donnée physique initiale (au même titre que les techniques, par exemple) mais le résultat de la mise en valeur des moyens de production. En d'autres termes, des moyens de production qui ne rapporteraient pas de profit ne seraient en aucun cas du capital, mais de simples produits joints (résultats de la faillite d'une entreprise, par exemple).
Que le capital ne soit pas un facteur de production, au sens où cette dernière notion désigne un bien physique entrant dans une fonction de coût, est une caractéristique essentielle de la pensée classique. Ricardo utilise donc non pas la proposition « deux marchandises s'échangent au prorata des quantités de capital nécessaires à leur production » mais la proposition « deux marchandises s'échangent au prorata des quantités de travail direct et indirect nécessaires à leur production », parce qu'en général les moyens de production (incluant les biens salaires) sont physiquement hétérogènes. Suivant l'interprétation de Sraffa, ce ne serait que dans le cas particulier où l'input et l'output seraient physiquement homogènes – par exemple si les seuls inputs étaient du blé (semences et bien salaire) et le seul output également du blé (modèle dit « blé-blé ») – que l'on pourrait déterminer le taux de profit comme un ratio blé/blé et le capital indépendamment des prix. La théorie de la valeur-travail pose alors en premier lieu la question du concept de travail dans l'approche classique.
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Écrit par
- Daniel DIATKINE : professeur des Universités, directeur du pôle d'histoire de l'analyse et des représentations économiques (C.N.R.S., universités de Paris-X et Paris-I)
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