- 1. Les classiques au sens de Marx et au sens de Keynes
- 2. La conception classique de la rareté et du capital
- 3. Le travail salarié
- 4. L'égalisation des taux de profit
- 5. La théorie de la rente différentielle
- 6. La mesure invariable des valeurs et la relation entre salaire et profit
- 7. La question des crises économiques
- 8. Une problématique unifiée ?
- 9. Bibliographie
ÉCONOMIE (Histoire de la pensée économique) L'école classique
Le travail salarié
Adam Smith développe une analyse subtile du concept de travail. Il oppose, d'une part, travail indépendant et travail dépendant, d'autre part, travail productif et travail improductif. Dans tous les cas, c'est bien entendu du travail salarié qu'il est question. Le travail indépendant (où le travailleur se paye lui-même son salaire) est caractéristique de ce que Smith nomme les « temps primitifs », mais qu'il conviendrait mieux de décrire comme une économie marchande où les travailleurs indépendants échangent leurs produits. Cette économie connaît les progrès (même lents) de la productivité du travail provoqués par l'accroissement de la division du travail et elle connaît également la monnaie. En revanche, le travail dépendant apparaît caractéristique des « temps avancés ». Il conviendrait mieux de parler à leur propos d'économie capitaliste, puisque ceux-ci sont caractérisés par l'accumulation des capitaux (et l'appropriation des terres). Importante chez Smith, cette distinction entre économie marchande et économie capitaliste disparaîtra avec Ricardo.
Le travail est considéré comme le titre de propriété originaire, c'est-à-dire l'acte par lequel les biens vacants font l'objet d'une appropriation. On peut retrouver ici la trace de la distinction aristotélicienne entre, d'une part, le « mode naturel d'appropriation » (on s'approprie par le travail des biens n'appartenant à personne), et, d'autre part, le « mode artificiel d'appropriation » (l'échange). Le salaire est l'objet que le sujet économique s'approprie grâce au travail, il est « la récompense naturelle du travail » (Richesse des nations, Livre I, chap. 8). Salaire et travail sont donc définis simultanément. Pas plus que le capital, le travail ne peut être pensé comme une quantité physique, c'est-à-dire comme un facteur de production.
La distinction entre travail productif et improductif est caractéristique de l'école classique et a donné lieu à de nombreuses discussions. Le travail productif engendre le revenu (chez Smith, le salaire dans les « temps primitifs », le salaire, le profit et la rente dans les « temps avancés »). En revanche, le travail improductif est employé à l'occasion de la dépense (en biens ou services de consommation) du revenu. Le type même du travail improductif est le travail domestique, celui des « menial servants ».
Le point important réside dans le fait que le taux de salaire naturel n'est jamais assimilé à un rapport d'échange. Sur ce dernier point, la position des classiques peut cependant sembler ambiguë. Smith affirme (et cette proposition sera acceptée sans beaucoup de discussions par les classiques) que c'est conformément à « une grossière équité » (« a rough equity ») que les négociations sur le marché (« the higgling and bargaining of the market ») déterminent la structure des taux de salaire réels, en tenant compte aussi des qualifications et des pénibilités des différents travaux. C'est le seul moment où équité et marché sont supposés aller de pair. Mais les classiques semblent admettre que la première l'emporte sur le second. Ce qui, sur le fond, permet de supposer que la structure des taux de salaire est donnée.
Quoi qu'il en soit, la structure des taux de salaire réels est donc considérée comme une donnée. À chaque type de travail correspond un panier de biens salariaux déterminé. Ricardo fait sienne cette conception, qui permet d'homogénéiser le travail salarié. Il critiquera cependant Smith en insistant sur le fait que le prix de ce panier, en revanche, ne peut être considéré comme donné.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Daniel DIATKINE : professeur des Universités, directeur du pôle d'histoire de l'analyse et des représentations économiques (C.N.R.S., universités de Paris-X et Paris-I)
Classification
Médias
Autres références
-
MARITIMISATION DE L'ÉCONOMIE
- Écrit par Geoffroy CAUDE
- 3 979 mots
- 8 médias
Depuis l’Antiquité, la voie maritime a permis aux navigateurs de commercer en transportant dans leurs navires des quantités de marchandises très supérieures à celles que permettaient les voies terrestres – ainsi, les Égyptiens, qui allaient jusqu’à Sumatra quelque 1200 ans avant notre ère ou, plus...