- 1. Les classiques au sens de Marx et au sens de Keynes
- 2. La conception classique de la rareté et du capital
- 3. Le travail salarié
- 4. L'égalisation des taux de profit
- 5. La théorie de la rente différentielle
- 6. La mesure invariable des valeurs et la relation entre salaire et profit
- 7. La question des crises économiques
- 8. Une problématique unifiée ?
- 9. Bibliographie
ÉCONOMIE (Histoire de la pensée économique) L'école classique
La théorie de la rente différentielle
Smith avait développé l'idée selon laquelle le prix naturel est constitué, en dernière analyse, des salaires, des profits et des rentes « nécessaires pour conduire la marchandise au marché ». Sa théorie de la rente est très compliquée. À son point de départ, Smith énonce que « dès l'instant que le sol d'un pays est devenu propriété privée, les propriétaires, comme tous les autres hommes, aiment à recueillir où ils n'ont pas semé, et demandent une rente ». Cette proposition provocante soulève aussitôt la question de savoir comment les propriétaires (et eux seuls) peuvent exercer un tel prélèvement. Invoquer, comme Smith le fait, une appropriation préalable ne répond pas à la question puisque personne ne cherche à s'approprier une terre qui ne rapporte pas de rente.
Comme Marx l'a fait remarquer, la théorie de la rente différentielle, développée d'abord par James Anderson, puis par Edward West et Thomas Robert Malthus, énonce les conditions qui permettent cette appropriation. Supposons que, pour une raison quelconque (par exemple, le caractère non reproductible de la terre), plusieurs techniques (par exemple, plusieurs terres de qualités différentes) soient utilisées pour produire la même marchandise. S'il en est ainsi, et puisque le prix de la marchandise doit être tel qu'il rapporte le taux ordinaire des profits, c'est la moins « efficace » des techniques employées qui détermine à la fois le prix de la marchandise et le taux de profit, qui, à l'équilibre, est le même dans toute l'économie. Ainsi, la norme de l'égalisation des taux de profit et la règle du prix unique imposée par la concurrence, font apparaître sur les terres les plus fertiles un sur-profit. C'est à cet instant alors que le propriétaire peut s'approprier ce sur-profit (par la rente) en faisant jouer la concurrence entre les fermiers capitalistes.
Il en résulte que la rente est non plus une composante du prix naturel (puisque celui-ci est déterminé par la technique ne payant pas la rente) mais un effet du prix. Ce résultat joue un rôle important dans les controverses concernant les Corn Laws (votées en 1815 et abolies en 1846).
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Écrit par
- Daniel DIATKINE : professeur des Universités, directeur du pôle d'histoire de l'analyse et des représentations économiques (C.N.R.S., universités de Paris-X et Paris-I)
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